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Festival du film d'Istanbul : love story Culture : les autres articles



Istanbul, cité tumultueuse : la foule se presse sur les pavés d'Istiklal Cadési et dans les ruelles adjacentes, la cohue, un début d'émeute devant les bars et les cabarets.
Istanbul
De notre envoyé spécial
Fureur d'une fin de semaine. Après des journées d'honnête labeur, la foule tente de se frayer un chemin vers les lieux de plaisir, de boissons fortes. Des choses pas toujours tolérées en Turquie, sauf à Istanbul. Ici, pas de porteur d'eau comme dans le Grand bazar...
Et au siège du Festival du film, à deux pas de l'Institut français, des jeunes femmes, chemisier blanc impeccable, tendent le programme du soir et inscrivent sur leur liste les noms des participants étrangers désireux de voir les splendeurs de la ville. Beaux films turcs programmés au cours de cette agitation cinéphile et médiatique, dès la première semaine du festival. Une histoire d'amour, une love story : Kelebegin Ruyassi (Le rêve du papillon) de Yilmaz Erdogan.
Le récit prête à deux jeunes poètes, Rustu Onur et Muzzafar Tayyiple, le rêve de la célébrité, la chance d'être publiés dans la fameuse revue littéraire Varlik. Cela se passait pendant la Deuxième Guerre mondiale. Les deux jeunes gens étaient obligés de travailler dans une mine de charbon. Ils ont été réquisitionnés. C'était du travail forcé. Mais tous les deux étaient amoureux de la même jeune fille, Suzan, une vraie splendeur. Que faire alors dans cette situation qui ressemble au film Jules et Jim de François Truffaut ' Les poètes donnent leurs vers à Suzan, et c'est elle qui choisira son amoureux en choisissant son poème. Une 'uvre pleine de sensibilité et de finesse.
Saroyan Ulkesi, (La terre de Saroyan), premier film de Luciu Diuk, jeune réalisatrice d'origine arménienne, est un documentaire fourmillant de détails sur la vie de l'écrivain américain, lui aussi d'origine arménienne : William Saroyan. L'auteur d' American Trilogy, The Human Comedy, Love Old Sweet Song, The Stolen Secret et de centaines d'autres récits et pièces théâtrales, est né en 1908, à Freno, en Californie. Il a voyagé en 1964 à Bitlis, dans le sud-est de la Turquie, d'où sont originaires ses parents.
Un lieu durement frappé par les massacres de 1915. Ce film est un long voyage : USA, Istanbul, Trébizon, Bitlis... On apprend que William Saroyan, un pur autodidacte, a été orphelin à l'âge de trois ans. Sa mère travaillait dans le secteur agricole. Il a travaillé, dès son jeune âge, à la San Francisco Telegraph Company. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a évité de très peu la cour martiale, parce qu'il était pacifiste.
Devir, (Le cercle), de Derviz Zaïm, est un docu-fiction sur les problèmes de l'élevage. Le cinéaste d'origine chypriote trace le portrait d'un jeune berger qui abandonne son travail et pour survivre va en chercher un autre du côté d'une carrière de marbre. Il lui est impossible de trouver de la poudre rouge indispensable au traitement des peaux de moutons. C'est la question du changement de l'économie turque, l'abandon de la terre et de l'élevage, au profit de l'industrie qui a besoin de marbre justement. Tourné à Izmir, Karnaval de Cal Kilcioglu est le portrait d'un looser.
Un type qui vit dans une voiture et fait du porte-à-porte pour vendre des aspirateurs dont personne ne veut. Un drame qui frise pourtant lacomédie. A Izmir, comme ailleurs, il y a plein de gens ainsi, qui vivent et souffrent à l'ombre de leur famille par qui ils sont rejetés. Ils pratiquent le système D, à la recherche de la combinaison gagnante... Soyuk, (Froid), de Ugur Yucel, est comme une version turque d'une pièce de Tchékov. A Kars, près de la frontière de la Georgie, une ville, qui en hiver est totalement coupée du reste du pays, à cause des chutes de neige, là vivent trois jeunes et jolies s'urs russes Olga, Masha et Irina. Elles travaillent dans un cabaret et sont au centre de toutes les convoitises.
Une admirable mise en scène, nous montre la mélodie lente, majestueuse, ininterrompue de vastes paysages couverts de neige et en même temps l'inverse. L'ivresse, l'emportement, la violence, l'agression, le délire fou qui caractérisent ce lieu vraiment à part. Cette 'uvre claire, rigoureuse, très achevée, qui a déjà été sélectionnée au Festival de Berlin, montre bien que le cinéma turc a atteint une dimension artistique de premier plan.


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