Algérie

Festival de la musique et de la chanson oranaises: Le public aussi fait son show



Lundi dernier, lors de la cinquième soirée du festival de la musique et de la chanson oranaises, le Théâtre de verdure grouillait de monde. A 22h, heure du début du show, les places se remplissaient petit à petit, avant que tout le théâtre soit bondé de spectateurs. Mais qui est donc ce public? Qui sont ces gens qui, n'en démordant pas, ont assisté à toutes les soirées de cet évènement culturel ?

 Quand on a une vue d'ensemble, on remarque tout d'abord qu'on a affaire à un public plus masculin que féminin. Cela ne veut pas dire non plus, qu'on compte les femmes seulement au compte-gouttes… bien au contraire; la présence de la gente féminine est très visible, mais disons que, question nombre, elle ne fait pas le poids avec celle des hommes. Maintenant, si on se penche un petit peu, sur ces derniers, on remarque que leur tranche d'âges est comprise entre 15 et 20 ans. Effet de la Coupe du monde de football oblige, beaucoup d'entre eux se sont rasés l'arrière du crâne et se sont teint les cheveux en blanc. D'autres portent des boucles d'oreilles et papotent avec leurs potes en grillant cigarette sur cigarette. Ils proviennent, dans leur majorité, des quartiers dits «difficiles» et sont considérés comme ce qu'on appelle «des laissés-pour-compte». Quand les premiers refrains de la musiques ont été entonnés, ils se sont, illico, mis debout en s'adonnant à la danse, sans pour autant rechigner quant au contenu des chansons.    Faut-il dire qu'ils ne connaissent rien de ce répertoire, destiné plutôt à un public d'un certain âge? Eux, ce qu'ils auraient aimé écouter ce sont des chansons qu'ils aiment, des chansons qui parlent de leurs déboires et qui décortiquent avec brio, et un brin de provocation, la société dans laquelle on vit, mais qu'à cela ne tienne: quand on n'a pas ce qu'on aime, il faut se contenter de ce qu'on a!

 A l'heure où la chanson a fait place aux élucubrations de deux humoristes, le temps d'un petit sketch; les «jeunots» en question se sont esclaffés sans peine, et de bon cÅ“ur, d'un rire franc et sincère, et ce, malgré le fait que ce sketch, même s'il est drôle, est de cet humour «pépère» qui ne donne pas des coups de pied dans la fourmilière, à bons entendeurs... Cette petite description est faite simplement pour montrer la carence ô combien flagrante de la culture, dans une grande ville comme Oran. C'est parce qu'ils n'ont nulle part où aller que ces jeunes gens se sont rabattus sur le Théâtre de verdure. Gratuité aidant, ils ont vu dans la tenue de ce festival une occasion d'aller danser un «chouïa» et oublier les tracas de la vie quotidienne, fusse-t-il en écoutant des chansons dont ils ne sont pas tout à fait fans. Mais ils espèrent tous qu'un jour viendra où, partout où ils iront, au centre-ville comme à El Hamri ou à Haï Sabah, Oran pullulera de petits cafés-concerts et de music-halls et qu'alors, l'administration et l'officiel ne seront pas les seuls décideurs de la tenue d'évènements culturels.




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