Algérie

Festival d'Istanbul : histoire du cinéma en 15 épisodes



En hommage à  la lutte pour l'indépendance du peuple algérien, le festival d'Istanbul montre La Bataille d'Alger de Gilo Pontecorvo et Yacef Saâdi. Dans la section documentaire, Yasmine Adi a fait le voyage avec son film sur la repression du 17 octobre 1961. Cela dit, la planète entière (du cinéma) est représentée à  Istanbul, avec au moins trois grands hommages à  : Théo Angelopoulos (Le Voyage des Comédiens), Raoul Ruiz (Les Trois Couronnes du Matelot) et Rainer Werner Fassbinder (Despair). Dans la même section In Memoriam, deux classiques turcs : Law Of  The Border de Lotfi Akad et Gramophone de Yousuf Kurçenli. Une autre bonne nouvelle : à  la manière de J-L Godard, Mark Causius, cinéaste anglais, a fait A Story of Cinema, an Odyssey et les cinéphiles stanbouliotes vont rester plantés devant l'écran pour voir défiler les 15 épisodes de son film. Ce même public, qui remplit les salles d'Istiklal Caddesi, a sûrement aussi matière à  se réjouir puisque le 31e festival a sélectionné 12 œuvres nationales pour le grand prix, le Golden Tulip. Il fut un temps, au cours des années 1970, où la Turquie produisait 300 films par an qui chassaient des écrans tous les bulldozers américains. Mais très peu alors avaient le moindre mérite, sinon commercial. C'était mélodrame, pornographie et compagnie. Puis, il y a eu un arrêt brutal de la production. Une longue crise qui, paradoxalement, a permis ensuite de voir émerger un cinéma d'auteur turc de très haute qualité, avec Yilmaz Guney, Omar Kavur, Zeki Okten, Zeki Demirkubuz, Nuri Bilge Ceylan, Erden Kiral et bien d'autres metteurs en scène de talent. Dans les festivals internationaux, dès que le nom d'un cinéaste turc apparaît dans le programme, on a la certitude qu'il s'agit d'un événement, que ce n'est pas un cinéma gratuit, mais sérieux, profond et parfois austère dans le sens où les auteurs turcs abordent en priorité des sujets de société graves, comme la liberté de la presse, la repression contre le peuple kurde, la grande pauvreté des villages de montagne, le lourd tribut des femmes, le chômage, etc. De ce fait, la Turquie est un pays qui s'est ouvert au monde grâce à  sa culture, sa littérature, sa musique mais aussi son cinéma d'auteur. Dans la sélection du festival, on trouve Zéki Demirkubuz qui a adapté un roman de Dostoïevsky : Souvenir de la maison des morts. Rei Celik qui a tourné dans un village d'Anatolie le drame des mariages précoces. Belmin Soylemez qui aborde le sujet de l'avenir dans les marcs de café. Veki Kahraman qui s'interroge sur la politique des langues en Turquie. Umit Unal qui traite du sujet des rapports de la justice avec le peuple turc. Emin Alpee dont l'histoire est basée sur le retour à  la terre et la nostalgie du village. La singulière émergence du cinéma d'auteur turc n'est pas près de céder la place aux méga-productions des studios américains.
 


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