Algérie

Festival d'Avignon : Une tête de pont universelle



Impressionnants ces amateurs fous de théâtre. Généralement en groupe, ils ont acheté le pass off vendu 13 euros. Avec ce sésame, ils ont dans chaque salle un tarif réduit de 30%. Objectif : voir un max de spectacles. Avignon (France) : De notre envoyé spécial Ils sont munis du nécessaire catalogue (350 pages, 500 grammes). Chaque spectacle est recensé, son horaire, son lieu. Une carte de la ville identifie chaque salle par un numéro. A la fin, une recension donne la liste des représentations heure par heure. Et sans aucune erreur. Selon l'expression largement usitée, tout marche comme du papier à musique. Mais quoi voir ' A chacun son monde. Du rire, il y en a pour tout le monde, gras, intelligent, cynique, revendicatif' De la chanson ' Elle rythme partout. De l'émotion ' Elle suinte derrière les murs de la cité médiévale, bien abritée derrière ses remparts séculaires. Du fun ' Il n'y a qu'à choisir. Du classique ' De Musset, Victor Hugo, Pirandello, Andersen, le disputent à Camus ou à Corneille et Sophocle. De la réflexion ou de la spiritualité ' C'est l'embarras du choix. De la politique ' Il n'y a qu'à choisir. Bref, tout ce qui fait l'expression multiple d'une démocratie assumée est ici livrée brut de décoffrage à qui en veut. Mais tout n'est pas pour autant tout rose. Et les responsables du off ont trouvé un antidote : la discussion constante. Pour un festival parallèle (créé en 1966 à la veille du Mai 68 français), l'échange est une seconde nature. Ainsi, chaque après-midi, en un lieu prestigieux, concédé par la commune (la cour de l'Hôtel des monnaies en face du Palais des papes) le Festival off entre en débat, autour de la création vivante, des parcours thématiques liés aux enjeux de la création, de productions à venir, et de la manière de mieux accueillir le public et les artistes pour faire évoluer une rencontre qui a atteint une masse critique. Ici pourtant, la démesure n'inquiète pas. On assume le goût du théâtre comme « la » première nature ! Alors autant ne pas gâcher son plaisir et de vous le faire partager dans nos prochaines éditions.Repères Yasmina Khadra : Le texte Les sirènes de Baghdad est lu en deux endroits par la compagnie Kick, à la manufacture et à l'association RepèresAlbert Camus Son roman Le premier homme est interprété par trois comédiens aux Ateliers d'Amphoux. Les pièces Les justes, Caligula et La chute sont aussi à l'affiche. Slimane Benaïssa : Au-delà du voile, revient avec une magnifique interprétation de la Compagnie de l'Arcade, mis en scène par Agnès Renaud. On en reparlera. La version, avec trois femmes sur scène apporte une vigueur nouvelle à ce texte écrit dans le feu de la montée des périls au début des années 1990 en Algérie.  Malek Chebel : Un spectacle intitulé « Arabesque », par une sublime comédienne du théâtr'eloquencia, Sandy Tournier. Elle redonne à entendre, sous forme vivante, les textes de l'universitaire, notamment sur la question du raffinement et de la séduction. Décapant.  Confidences à Allah : C'est la création au théâtre du Chêne noir, un des lieux ouverts toute l'année. D'après un roman de Spahia Azzeddine (Maroc), l'actrice Alice Belaidi, 20 ans à peine dépassés, fait une vraie prouesse de comédienne dans cette histoire d'une paumée d'un bled perdu, devenue prostituée, avec un langage cru qui reflète certains malaises de nos sociétés maghrébines.


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