Algérie

Festival d'Avignon : Duel implacable entre un père et son fils



Où l'exil a atteint ses limites ' Lorsqu'un père, lui-même fils d'immigré, voit son fils se bloquer sur des chimères qui l'éloignent sans rémission des idées de démocratie, de laïcité, de liberté qu'il a fait siennes. Le spectateur est happé au moment où le conflit est prêt d'éclater. Lyon : De notre correspondant Un jeune garçon, qui a à peine dépassé la vingtaine, se sent rejeté par la société prétendue d'accueil, comme beaucoup de jeunes de la énième génération (dire la deuxième serait faux en l'occurrence). Il se vit comme un paria dans cette société où l'a fait naître l'exil de son père et de son grand-père. Face aux blocages d'une intégration qu'il vit mal, il se consume dans la désintégration de tout ce à quoi voulait lui faire croire son père d'abord, et l'environnement occidental.Il se réfugie dans le fanatisme, ne reconnaissant à personne le droit de lui dire qu'il fait fausse route. La pièce « Sans ailes et sans racines » débute là. Le fils seul sur scène qui se vêtit peu à peu des habits de sa nouvelle personnalité, celle d'un islamiste qui pense avoir trouvé là sa voie. Il est en fait séduit par la réduction identitaire à laquelle il s'accroche pour ne pas succomber à la folie, ne se rendant pas compte que le petit grain de la déconnection l'a déjà pris corps et âme. Une discussion étrange s'instaure entre eux, très charpentée, illustrée de rationalisme et de son contraire. Elle ne pas va durer plus de 50 minutes au cours desquelles l'un va justifier l'ouverture à l'intelligence et aux valeurs de progrès et l'autre répondre que l'essentiel est la fidélité intangible aux origines, la religion en étant le premier et dernier vecteur. M'urs, femmes, rapport au monde de l'immigration, tout y passe dans une partie de boxe verbale épuisante.Echange impossible, dur, féroce de part et d'autre, que l'auteur du texte a voulu assouplir par des pointes d'humour apaisantes. Mais cet accrochage peut-il finir bien. Parfois oui, mais là, non ! L'exil ne peut plus être fécond lorsque la barrière du mal-être devient infranchissable. Et la fin ne peut pas être heureuse. Cette déchirure que nous avons vécue en Algérie au début des années 90 lorsque des familles ont implosé, on la surprend ici dans un autre contexte, avec les mêmes ingrédients, mais en Occident. Une saine réflexion qui nous rappelle les horreurs qu'ont vécues des familles déchirées pendant les années noires.


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