Festival d'Annaba du film méditerranéen

Mardi 11 janvier 2011. Le monde entier a les yeux braqués sur la Tunisie. Les événements qui s'y déroulent vont bouleverser l'équilibre du monde arabe.Le réalisateur Mokhtar Ladjimi a décidé de porter ces événements au grand écran. Trois mois après le déclenchement de la révolution du jasmin, le réalisateur avait déjà ficelé le scénario de ce qui sera trois ans plus tard le premier long métrage racontant la chute du président Zineddine Ben Ali. En avant première internationale, Dicta shot (Ksar edahcha) est entré en compétition officielle au festival d'Annaba du film méditerranéen (FAFM). Décor planté loin de toutes polémiques politiques, Mokhtar Ladjimi a choisi de tourner dans un centre social qui s'apparente beaucoup plus à un asile de fous. Un centre où des pensionnaires vont se transformer en personnages représentant chaque catégorie de ce qui fut la société tunisienne autrefois. A l'affiche de cette production qui dure 1h36, Jamel Madani, Fatma Ben Saidane, des personnages transformés en pensionnaires soumis à toutes sortes de pratiques oppressives par le directeur de l'établissement Hazem (Hichem Rostom). Du traitement médical abusif, à la torture physique en passant par le conditionnement psychologique, tous les ingrédients ont été réunis pour qu'émerge en fin de compte un mouvement de résistance. Le réalisateur a choisi de confiner son récit dans le huis clos d'un espace qui interagit avec l'extérieur par la rumeur. Les premiers échos de la liberté de crier sont parvenus aux pensionnaires par les images internet diffusées à la télévision. A partir de là, tout bascule, la rébellion s'orchestre à travers le personnage de Nidhal, militant des droits de l'homme, qui a passé sa vie entre les murs de la prison. Ni suspense encore moins d'intrigue, l'histoire est connue mais la finalité fait encore partie de l'actualité. L'intérêt pour Mokhtar Ladjimi est de raconter ce qui s'est passé cette nuit-là. La nuit où les tunisiens ont pris en main leur destin. Ils ont choisi la liberté mais l'avenir leur paraît incertain pour l'instant.