Festival Aïd El Karama : le théâtre de Verdure fait le plein Oran : les autres articles

Pendant les 7 soirées qu'a duré l'évènement, des artistes de renom ont défilé sur les planches du théâtre de Verdure.Hier soir devait se clôturer au théâtre de verdure Hasni Chakroun le festival Aïd El Karama, organisé par l'APC d'Oran. A sa deuxième édition, cette manifestation a été, somme toute, une réussite, eu égard à l'engouement qu'elle a traîné chez le public. Faut dire que le théâtre en plein air d'Oran, pendant les 6 soirées qu'a duré le festival, a été bondé. Le point d'orgue a sans doute été atteint à la soirée du 5 juillet. Pour célébrer la Fête de l'Indépendance comme il se doit, des chanteurs de renom ont défilé sur les planches, applaudis par un public «enfiévré», mixte et composé essentiellement de jeunes.
Dans cette «mini» marée humaine, s'il y avait une chose de positif à relever est bien ceci : en dépit des 2 à 3 000 personnes que comptait le théâtre en plein air, les gens s'adonnaient tranquillement à filmer les spectacles, à parler dans leurs cellulaires, à exhiber leur appareil photo, sans craindre, pour autant, de se faire «racketter». Preuve en est donc que dès lors qu'on offre à une jeunesse dite «dés'uvrée» des espaces proprement de loisir et de détente, la délinquance, de façon automatique, passe au second plan. Ceci étant dit, quelques bémols ont tout de même été soulevés : de l'avis de plusieurs spécialistes, le choix organisationnel pour ce genre de festival à Oran est devenu plus qu'obsolète.
«Chaque année, on a droit au même blabla, nous dira un spécialiste avisé. On se contente de 'parquer' le public dans l'enceinte du théâtre de Verdure, et on essaie de satisfaire tout le monde, en diversifiant le choix des artistes. Cette façon de faire est devenue limite ringarde». Pour ce spécialiste, ainsi que pour beaucoup d'autres, il aurait été plus judicieux, plutôt que de concentrer l'ensemble du festival dans le théâtre de Verdure, «de le dispatcher ici et là» dans toutes les salles que compte Oran.
Ainsi, toute la ville aurait eu à vivre au rythme du festival. «On aurait pu consacrer le conservatoire pour la musique chaâbie, le théâtre régional pour la musique andalouse, et puis le théâtre de Verdure pour le raï ! Ainsi, toute la ville aurait vécu au rythme du festival, et le public se serait rendu à la salle qui répondrait à ses goûts musicaux». Exemple édifiant : dans la soirée de jeudi dernier, au bout d'à peine une heure, le public dit «jeune», languissant d'attente, a commencé à «avoir sa dose» de chansons classiques. Ainsi, il s'est mis, comme un seul homme, à siffler et à crier en ch'ur : «Chaab yourid Double Canon !».
Quand ce dernier est monté sur scène, le public lui a exigé de ne chanter que les chansons les plus «subversives» de son répertoire. Une preuve patente qui démontre combien la jeunesse peut avoir soif de liberté. «Si le public a manifesté un engouement certain pour ce rappeur, c'est que 'ça leur parle'. Ses chansons racontent leurs galères, et c'est ce qui les séduit», nous dira un spectateur rencontré sur place. Le hic, poursuit-il, est qu'on ne permet ce genre d'ouvertures qu'une fois par an, à l'occasion du 5 Juillet. Pour le restant de l'année, c'est «circulez, il n'y a rien à voir !».
Après Lotfi Double Canon, ce fut au tour de Cheb Bilal de monter sur scène, pour le plus grand bonheur de ses fans. Pour la soirée d'hier, les gens se sont rués pour voir Djmawi Africa, suivi du rappeur Rim-K. Au final, le public a eu droit à sa petite «bouffée d'oxygène», à l'occasion de la fête de l'Indépendance, une bouffée jugée 'non-copieuse du tout' : «Les artistes algériens de renom doivent se produire plus souvent en Algérie, et pas seulement au gré des festivals».