Algérie

Fernand Sauer, Directeur général honoraire de la Commission européenne



« L?OMC n?interdit pas un soutien de l?Etat aux entreprises » Directeur général honoraire de la Commission européenne, Fernand Sauer commente dans cet entretien la situation de l?industrie pharmaceutique nationale face aux implications du processus d?adhésion à l?Organisation mondiale du commerce. Un processus qui, selon lui, n?interdit pas un soutien de l?Etat aux entreprises.  Au cours de votre séjour à Alger, vous avez eu à visiter certaines entreprises pharmaceutiques, quel est votre appréciation quant à l?industrie pharmaceutique algérienne ?  J?ai, en effet, tenu à voir de plus près les entreprises pharmaceutiques, étant un ancien inspecteur de la santé. J?ai ainsi visité trois entreprises étatiques ainsi que deux entreprises représentantes de l?Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop). Je peux dire que j?ai été très enthousiasmé par la qualité et la propreté des locaux. J?ai vu des employés très qualifiés, ayant une très bonne connaissance des normes européennes. Il est dommage que ces usines n?utilisent pas toutes leurs capacités. J?ai visité des stocks des produits sortants et il y avait des rayonnages vides.  Quels sont, d?après vous, les principaux obstacles auxquels font face les opérateurs pharmaceutiques algériens ?  Dans cette phase difficile de privatisation, il y a peut-être deux mondes qui ne se comprennent pas. Dans le secteur public, l?on pense que " privatisation " veut dire que les gens vont s?en mettre plein les poches et que c?est sur le dos de notre santé publique qu?ils vont s?enrichir. Mais il faut savoir que dans l?industrie, il y a toujours les gens qui veulent en profiter au maximum mais aussi de vrais professionnels qui utilisent leurs ressources pour faire un bon travail à long terme. C?est ce secteur là qu?il faut privilégier.  L?Etat doit-il , selon vous, soutenir les opérateurs pharmaceutiques ?  L?Algérie a une situation assez particulière parce que l?Etat a des ressources financières très importantes. La question est de savoir à quoi va-t-il les utiliser. Si l?Etat a privilégié le secteur pharmaceutique, je ne vois pas pourquoi il ne peut pas aussi y mettre de l?argent non pas pour enrichir les firmes -cela doit être fait par les firmes elles-mêmes- mais pour travailler sur le cadre de l?environnement des firmes. A titre d?exemple, Saidal qui est une entreprise publique mais qui doit payer sur son chiffre d?affaires le dépôt international de brevet qui coûte très cher. Il n?y a aucun problème à ce qu?il y ait un programme public qui prendrait en charge ces dépenses de recherche. Ce fait ne va pas à l?encontre des dispositions de l?OMC. En Europe où le secteur pharmaceutique tient une place particulière, l?on n?hésite pas à apporter son soutien aux entreprises.  Pensez vous que les opérateurs algériens sont en mesure d?exporter leurs produits ?  Il ne sert à rien d?exporter dans les pays qui ne sont pas solvables. L?Algérie a des atouts parce qu?elle est devenue une référence de qualité de l?OMS grâce à l?action du laboratoire national du contrôle. La réputation est faite. Toujours est-il, il faut trouver une personne qui finance. Dans ce cas de figure, l?Etat peut le faire.


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