Algérie

Fernand Doukhan, un militant pour la liberté d'Algérie sort de l'anonymat Nathalie Funès présente Mon oncle d'Algérie au CCF d'Alger



Fernand Doukhan, un militant pour la liberté d'Algérie sort de l'anonymat                                    Nathalie Funès présente Mon oncle d'Algérie au CCF d'Alger
Journaliste au nouvel Observateur, Nathalie Funès est poussée par la curiosité à découvrir le parcours de son grand-oncle, Fernand Doukhan, membre du parti des travailleurs jusqu'à sa mort et qui lui avait fait lire la Mère de Maxime Gorki alors qu'elle n'avait que dix ans. Elle confiera aux présents : «Mon grand-oncle m'a longtemps fait l'effet d'un vieux monsieur grincheux, toujours en colère contre la terre entière. Jusqu'à ce que je découvre, des années après sa mort, par hasard, sur Internet, quelques lignes sur sa vie d'anarchiste en Algérie.» Dés lors, la journaliste va mener, pendant deux années, une véritable enquête en France et en Algérie pour mieux comprendre et surtout reconstituer le destin de celui qui est mort à Montpellier, en 1996, sans laisser aucune trace écrite de son combat et de son militantisme pour l'Algérie. Cette enquête d'où naitra son livre, lui permettra de mieux connaître l'histoire d'une partie de ces Français d'Algérie qui ont milité pour l'indépendance et de mieux connaître ainsi l'histoire des militants de gauche qui étaient soit anarchistes soit trotskystes, fervents militants anticolonialistes, se battant farouchement pour l'indépendance
de l'Algérie
Par Sihem Ammour
Dans le cadre des rencontres littéraires du Centre Culturel Français(CCF) d'Alger, Nathalie Funès a présenté, mardi passé, son ouvrage Mon oncle d'Algérie publié aux éditions stock. D'emblée, Ameziane Ferhani, qui a animé la rencontre, a tenu à mettre en exergue le fait que l''uvre de Nathalie Funès, au-delà d'une simple biographie, est en fait «un reportage sur l'écriture d'une biographie et revêt aussi le caractère de l'essai car nous apprenant énormément de choses sur les anarchistes anticolonialistes en Algérie» Journaliste au nouvel Observateur, Nathalie Funès est poussée par la curiosité à découvrir le parcours de son grand-oncle, Fernand Doukhan, membre du parti des travailleurs jusqu'à sa mort et qui lui avait fait lire la Mère de Maxime Gorki alors qu'elle n'avait que dix ans. Elle confiera aux présents : «Mon grand-oncle m'a longtemps fait l'effet d'un vieux monsieur grincheux, toujours en colère contre la terre entière. Jusqu'à ce que je découvre, des années après sa mort, par hasard, sur Internet, quelques lignes sur sa vie d'anarchiste en Algérie.» Dés lors, La journaliste va mener, pendant deux années, une véritable enquête en France et en Algérie pour mieux comprendre et surtout reconstituer le destin de celui qui est mort à Montpellier, en 1996, sans laisser aucune trace écrite de son combat et de son militantisme pour l'Algérie. Cette enquête d'où naitra son livre, lui permettra de mieux connaître l'histoire d'une partie de ces Français d'Algérie qui ont milité pour l'indépendance et de mieux connaître ainsi l'histoire des militants de gauche qui étaient soit anarchistes soit trotskystes, fervents militants anticolonialistes, se battant farouchement pour l'indépendance de l'Algérie. Soulevant ainsi, le non sens d'«uniformiser les pieds noir dans leur exil». Elle découvrira, dés lors, l'histoire de ceux qui se sont battus aux cotés de leurs frères algériens, partageant avec eux les mêmes opinions mais aussi le même destin tragique à l'instar de ceux, morts en martyrs pour la liberté de l'Algérie, tels qu'Henri maillot ou Jean Yveton, d'autres qui ont subi les affres de la torture à l'instar d'Henri Alleg ou d'Elyette Loup et ceux qui seront prisonniers à l'exemple de son oncle. Elle expliquera à l'assistance que «Fernand Doukhan, né en 1913 à Alger, venait d'une famille juive berbère, peut-être installée là depuis des siècle. Ses ancêtres étaient des dhimmis sous la régence turque, des indigènes sous l'Empire colonial français, avant que le décret Crémieux, en 1870, en fasse des citoyens de la République Française». Elle ajoutera qu'elle avait découvert, qu'avant même la colonisation française, il y avait de nombreuses familles juives qui habitaient en Algérie. Celles-ci étaient soit d'origine berbère, converties au judaïsme depuis l'antiquité, soit juives sépharades ayant fui l'inquisition meurtrière d'Isabelle la catholique en 1479. Elle se rendra compte que contrairement aux préjugés, à part quelques familles de nantis, la plupart des juifs d'Algérie vivaient dans la misère et partageaient le dur quotidien des Algériens musulmans en survivant grâce à des petits boulots. C'est ainsi qu'elle découvre que le père de Fernand Doukhan était colporteur journalier sur la grande placette de Boufarik. Suite au décret Crémieux, son grand- oncle est le premier homme de la famille à naître français et ainsi le premier à accéder à l'école où il apprendra le français. Ceci lui permettra plus tard de suivre des études à l'Ecole Normale de Bouzaréah et de devenir instituteur.
Durant la deuxième Guerre mondiale, il est incorporé à l'âge de 26ans dans le 9ème régiment des Zouaves. Il sera emprisonné par les nazis ; grâce à son prénom français, il évitera le pire et sera envoyé pour plusieurs années dans les stalags allemands. Libéré à la fin de la guerre, il retourne en Algérie où il devient un fervent anarchiste qui s'insurge dans le journal Le Libertaire, contre «la dictature française en Algérie». C'est tout naturellement qu'il rejoint les rangs du FLN dés le début de la guerre de révolution pour l'indépendance de l'Algérie. Parce qu'il a fait grève à l'appel du FLN, Fernand Doukhan a été arrêté le 28 janvier 1957, en pleine bataille d'Alger. Il est emprisonné au camp de Lodi à Médéa, là où l'armée coloniale emprisonné les français suspectés d'être favorables aux thèses indépendantistes. A Médéa, à l'instar de Kateb Yacine des années plus tôt à Sétif, il subira un simulacre d'exécution, ce qui est considéré pire que la mort elle-même. Le 30 mars 1958, des militaires sont venus chercher Fernand Doukhan, à Lodi pour l'expulser vers la France sur simple arrêt préfectoral ; Il ne reverra plus jamais la patrie pour laquelle il s'était battu. Il mourra en France, presque dans l'anonymat. Ce n'est que grâce à la curiosité et à la ténacité de sa nièce que son combat sortira de l'oubli et avec lui tant d'autres militants pour la liberté de l'Algérie que l'histoire de France a ignorés.


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