Algérie

Ferme intégrée et industrie de transformation Les piliers du renouveau agricole


Publié le 30.06.2024 dans le Quotidien l’Expression

Le secteur agricole est en plein essor. Cependant, ce développement s’accompagne de défis, notamment la gestion de la surproduction.

Le secteur agricole a le vent en poupe! Lors du dernier mois de Ramadhan, les étals des marchés ont été garnis de fruits et légumes de qualité, vendus à des prix abordables. Les Algériens ont ainsi pu profiter d'agrumes disponibles presque jusqu'au début de l'été et de fraises vendues à moins de 100 DA le kilogramme. Cette abondance est le fruit d'une stratégie agricole ambitieuse mise en place par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Les cultures stratégiques, notamment les céréales, ont également bénéficié de cette dynamique. Des millions de quintaux ont été produits à travers le pays, traduisant une avancée rapide du secteur. Cependant, ce développement s'accompagne de défis, notamment la gestion de la surproduction. En l'absence d'usines de transformation adéquates, certains produits, comme les abricots des Aurès ou les tomates de Skikda, finissent parfois à la poubelle. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, a récemment lancé la campagne nationale de récolte et de transformation de tomates industrielles à Skikda. Cette année, 6 millions de quintaux de tomates ont été produits avec un rendement de 800 quintaux par hectare. «L a wilaya de Skikda est pionnière dans ce domaine et fournit 50% de la production nationale»,a-t-il précisé.
Malgré ces chiffres impressionnants, les capacités de transformation restent insuffisantes pour absorber toute la production. Les agriculteurs, conscients du potentiel de leurs terres, estiment pouvoir augmenter leur production. Cependant, les infrastructures de transformation ne suivent pas, limitant ainsi les possibilités d'expansion et d'exportation. Youcef Cherfa a promis d'étendre ces capacités pour développer une industrie capable de répondre aux besoins nationaux et de viser les marchés internationaux. Bien que les besoins actuels du marché soient couverts, la situation reste fragile, marquée par une absence de vision à long terme.
Cette instabilité pousse parfois les agriculteurs à abandonner certaines cultures pour en adopter d'autres, créant des perturbations dans la production. Face à ces défis, le président Tebboune insiste sur la création de grandes fermes intégrées, combinant production agricole et usines de transformation. Plusieurs projets de ce type ont déjà vu le jour dans différentes wilayas, en partenariat avec des investisseurs turcs, qataris et américains. Parmi eux, la ferme «Bladna» dédiée à l'élevage de vaches et à la production de poudre de lait. Plus récemment, un mégaprojet de 36 000 hectares a été annoncé dans la wilaya de Timimoun pour la production et la transformation de céréales et de légumineuses. Ces initiatives témoignent de la volonté de l'Algérie de transformer en profondeur son secteur agricole. À l'image des réformes entreprises par Houari Boumediene dans les années 1970, Tebboune aspire à ce qu'aucun grain de blé algérien ne soit perdu.
Cette stratégie de renouveau agricole vise à garantir la sécurité alimentaire du pays tout en ouvrant des perspectives d'exportation. Les efforts entrepris montrent que le pays est sur la bonne voie pour devenir un acteur majeur dans le domaine agricole, tirant pleinement parti de ses ressources naturelles et de son potentiel humain. C'est la nouvelle Algérie...
Walid AÏT SAÏD