Algérie

Ferme El Bordj El Kadim à El Khroub



Vingt-sept familles en danger La ferme qui occupe le sommet d?un monticule apparaît de loin comme un lieu paisible. L?accès à partir de la route d?El Baâraouia, menant vers le plateau de Aïn El Bey, n?est possible qu?à travers deux sentiers, qui sont, à vrai dire, impraticables. Aussi a-t-il fallu contourner la ferme pilote de l?Institut technologique des grandes récoltes (ITGR), par un chemin sinueux pour découvrir une bâtisse d?une autre époque. Selon ses habitants qui nous ont invités à visiter les lieux, la ferme, plus connue aujourd?hui par El Bordj El Kadim (l?ancienne tour), faisait partie du domaine agricole, s?étendant sur plusieurs centaines d?hectares, et appartenant, avant l?indépendance, à un colon français nommé Delorme. Avant de devenir propriété de l?Etat en 1963, la ferme abritait les familles des agriculteurs qui y travaillaient depuis les années 1950. Viendra une autre génération. « Les enfants qui sont nés ici ont fondé leurs foyers ; on est aujourd?hui vingt-sept familles à partager ces murs de pierres qui menacent ruine », nous disent certains résidents. La ferme de style colonial, au pied de laquelle se dressent quelques constructions précaires, présente déjà une multitude de fissures sur ses murs défraichis. C?est par un passage voûté qu?on accède à la cour centrale, un endroit humide, envahi par les mauvaises herbes. La façade cache mal un délabrement apparent, des escaliers sans balustrades et des accès condamnés avec du parpaing. Pour arriver aux appartements du premier étage, on monte sur des madriers placés sur des barres de fer, en guise de marches. Toutes les demeures se ressemblent. Des murs fissurés, des plafonds nus, des fuites d?eau partout et une forte odeur de plâtre mouillé. « Plusieurs commissions sont passées et repassées par les lieux, avec à chaque fois les mêmes constats et les mêmes rapports. Les autorités de la daïra et de l?APC d?El Khroub sont au courant de la menace qui pèse sur nos têtes, mais personne ne bouge pour sauver des vies en danger », déplorent les habitants, qui dénoncent ainsi le laxisme et le mépris de l?administration. « Après l?évacuation, il y a deux ans, de six familles vers la nouvelle ville Massinissa, personne n?est venu nous renseigner sur le sort des vingt, sept autres qui habitent toujours la ferme », nous disent certains qui insistent sur les promesses données par la chef de daïra d?El Khroub, depuis quelques semaines. « On nous demande à chaque fois de fournir des piles de dossiers, mais on n?a rien vu venir jusqu?à présent », s?inquiètent ces citoyens, qui exhibent devant nous le rapport de l?huissier de justice, lequel s?est rendu sur les lieux le 24 mars dernier, ainsi que les constats des équipes techniques de l?APC d?El Khroub qui ont noté le risque d?effondrement imminent. La ferme a connu une sérieuse dégradation depuis le fameux séisme d?octobre 1985. Ses habitants disent qu?ils craignent d?être ensevelis sous les décombres à la moindre averse. Ils lancent encore un cri de détresse en direction de la daïra d?El Khroub, espérant bénéficier d?un relogement tant promis.


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