Algérie

Ferdjioua (Mila). La tragédie de deux frères



Acculés aux ultimes retranchements de la condition sociale, deux personnes natives de mechta Rossia, dans la commune de Layadi Barbès, croupissent dans les bas fonds miséreux et labyrinthiques d?un immense lotissement à Sebikhia, situé à 3 km à peine à l?ouest de Ferdjioua. Il s?agit des frères paraplégiques Tiaânouine : Allaoua et Messaoud, âgés respectivement de 34 et 41 ans, et vivant dans la débine la plus totale. Le taudis qu?ils occupent, unique bien laissé par leur mère décédée vers 1993, après avoir mendié des années durant pour leur assurer un petit bout de pitance, est un véritable trou à rats ouvert aux quatre vents et où cohabitent, dans un décor nauséeux, une sarabande de bestioles, la gadoue, les eaux rancies et les senteurs pestilentielles des urines et matières fécales. Sans aucune forme d?aide sociale ou de prise en charge de la part des services concernés, et ne disposant même pas de fauteuils roulants, ces deux malheureux, cloués au sol depuis une douzaine d?années traînant leur lourd handicap, se meuvent chaque jour en rampant pour s?adosser au mur de leur bicoque et voir le monde extérieur. « Pour se prémunir contre le froid de l?hiver, ils brûlent matelas et couvertures », dira Khaled, un proche voisin. Nous avons rendu visite à ces « créatures » martyrisées par une destinée implacable, et nous sommes revenus bouleversés. Les avatars de la vie, la cruauté du sort et le divorce des structures de l?Etat ont fini par altérer les facultés mentales de ces deux handicapés et fait naître chez eux, en dépit d?une mine débonnaire et rassurante, un instinct d?animosité et de ranc?ur qui se manifeste sous la forme d?une pelletée de grossièretés et de propos blasphématoires qu?ils débitent à profusion dès que de jeunes plaisantins se mettent à les taquiner. Selon Noureddine Dlih, directeur de l?action sociale, « le médecin de la cellule de proximité et l?orthopédiste de la DAS ont examiné les deux malades et leur ont rendu quatre visites successives, en plus d?une démarche en cours en vue de leur insertion dans un centre spécialisé à Skikda ». Il aura fallu, tout de même, plus d?une décennie de souffrances atroces et de désarroi pour que les responsables daignent enfin se pencher sur leur cas.
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