Algérie

Femmes maghrébines de l’antiquité : Nacéra Benseddik lève le voile Conférence le 27 septembre à Tlemcen.



Femmes maghrébines de l’antiquité : Nacéra Benseddik lève le voile Conférence le 27 septembre à Tlemcen.


À l’exception de quelques éléments d’histoire et d’archéologie, et des sites disséminés sur le territoire, les faits de guerres des personnages charismatiques de la Numidie, qui sont aujourd’hui bien assimilés et inscrits de façon chronologique dans l’histoire de l’Antiquité, nous ne savons pas grand chose sur la vie des femmes africaines de cette période encore floue pour beaucoup d’historiens de cette époque.

Il faut vraiment être passionné par pans entiers de l’histoire lointaine de l’Afrique du Nord avant et après sa romanisation et pour être plus précis vers le Ier siècle avant J-C. Les traces de cette vie quotidienne de nos ancêtres femmes berbères est un sujet qui mérite beaucoup d’attention et de recherches sur certaines stèles et mosaïques retrouvées ou bien sur la base de source bibliographiques signés par des historiens célèbres de cette époque et pourquoi pas par l’un des nôtre dans son fameux ouvrage Apulée. Il faut savoir que Nacéra Benseddik, docteur ès lettres, est une historienne du Maghreb antique, également épigraphiste et archéologue ayant publié une liste assez exhaustive d’ouvrages très pertinents et fouillés sur cette période. Née à Bordj Bou Arreridj le 4 décembre 1949, elle s’intéresse de près à la question en tant que femme algérienne d’abord et spécialiste de l’histoire.
Elle sera au Centre des études andalouses le 27 septembre prochain, à 16h, et ce, afin de donner une conférence que nous recommandons fortement. Intitulée «Les Femmes dans l’Afrique du Nord Antique», l’événement est une excellente occasion pour les amateurs d’Histoire de découvrir et d’en apprendre plus sur des personnages féminins souvent passés inaperçus mais qui ont marqué leur époque. Ces personnages ne concernent évidemment pas uniquement l’Algérie mais l’Afrique du Nord entière. Nous ne pouvions pas passer sous silence ce sujet rarement abordé par nos universitaire en ce sens qu’il faut non seulement avoir beaucoup lu et passé tout objet ou ouvrage susceptible de constituer une référence et une preuve irréfutable sur le sujet et des années entières d’investigation sur le terrain : «Quelques textes littéraires ou juridiques, tous écrits par des hommes et qui n’envisagent guère que la situation des classes supérieures, des inscriptions innombrables, mais par nature, partiales et fragmentaires, constituent toutes nos sources pour une histoire des femmes africaines dans l’Antiquité. Osons donc une incursion dans l’Afrique préromaine, jusqu’à ces parois rocheuses de l’Atlas et du Sahara où un art néolithique, déjà accompli, a gravé et peint les ancêtres de nos Africaines, d’abord, nécessairement dans une société en formation, comme un appel à la fécondité, puis comme des acteurs sociaux et rituels à part entière. Est-il, alors, si étonnant de découvrir tant de femmes au travail dans l’Afrique romaine ?» écrit notre archéologue et non moins épigraphiste à la recherche de preuves tangible pour reconstituer la vie et la société et tout particulièrement le statut de ses compatriotes de l’époque dans un élan de curiosité insatiable et intarissable sur cette question. Notre auteure qui interviendra dans quelques jours dans une conférence dans la ville de Tlemcen, évoquera en se rapportant à son important ouvrage traitant de cette thématique, une Afrique qui en dépit comme elle l’affirme d’une documentation partielle et partial puisque les conquérants ont toujours privilégié les femmes de statut romain ou romanisées. Ces dernières furent nombreuses à ne pas se contenter de filer de la laine à la maison car comme l’atteste la mosaïque de Julius à Carthage, elles n’ont laissé seulement l’imagerie impérissable d’une belle femme riche et matrone mais également et surtout celle de femmes travailleuses pratiquant mille et une activités pour subvenir à leur besoin familiaux aux côtés des hommes et l’on retrouve cela dans des inscriptions anciennes.
Ces stèles gardent encore frais «Le souvenir de toutes celles qui servaient au sein de la ‘Familia’ ou évoluant à l’extérieur pour augmenter et défendre leurs biens, comme ces nourrices, femmes de chambre, cuisinières, masseuses, aides-coiffeuses, ravaudeuses, boutiquières et fleuristes, musiciennes, chanteuses et danseuses mais aussi sages-femmes, médecins, répétitrices et mêmes grammairiennes, commerçantes, femmes d’affaires, exploitantes de grands domaines, prêtresse ou flamaniques». Il s’agit donc là d’une vision parfaitement erronée de la femme au foyer gardienne de la tradition que véhiculaient les penseurs grecs de l’antiquité puis les romains. L’un d’entre eux, Tertullien, affirmait même ceci : «Occupez vos mains à filer la laine, gardez les pieds à la maison et vous serez assez parées». L’analyse va plus loin qui affirme que s’il n’est pas difficile de distinguer les femmes qui ont un métier des esclaves, on peut se rendre également compte que le monde de cette époque ne se limitait pas seulement aux esclaves assujetties à la haute société :
«Dès la fin de la première République, pourtant, relayée parfois par les nourrices, aidées par les servantes, la femme n’était plus cloîtrée au foyer. Elle sortait, fréquentait qui elle voulait, se mêlait aux hommes sur le ‘Forum’, elle recevait, tenait des salons littéraires, allait au théâtre et au cirque le plus souvent sans être accompagnée par son mari... En Afrique, les femmes qui fréquentaient les bains publics mixtes attirèrent la colère de Cyprien. Elles se cultivaient l’esprit et s’adonnaient aux sports». Rendez-vous donc le mercredi 27 septembre à 16h au Centre des Études Andalouses à Tlemcen pour un moment d’apprentissage et de découverte autour des héroïnes de notre région, qui n’ont malheureusement pas la place qu’elles méritent dans nos livres d’histoire.



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