Débat - Pour les femmes, écrire s'avère un défi, et une fois celui-ci relevé, elles pourront «créer des mondes possibles».
Quelle place a la femme écrivaine dans l'espace méditerranéen ' C'est la question à laquelle des auteurs de différents horizons ont essayé, lors d'une conférence, de répondre, chacune selon son expérience et son parcours.
Cette conférence, ayant pour thème «Femmes écrivaines en Méditerranée, qui s'est déroulée, hier, en marge du 17e Salon international du livre d'Alger, a dévoilé de multiples expériences, des attitudes littéraires différentes, donc une approche personnelle pour l'écriture. Chacune des intervenantes a évoqué son lien avec cet espace fictif mais qui se nourrit du réel.
La fiction est travaillée et retravaillée par les catégories mentales, donc par une sensibilité et un onirisme intérieur. Elle est travaillée aussi par le regard porté par le sujet écrivant et la prise de position de ce dernier.
Margarita Alfaro, universitaire espagnole, a déclaré : «L'écriture au féminin, pour le cas espagnol, est un champ littéraire qui se construit et se consolide notamment à partir des années 1980. C'est une littérature qui contribue à la littérature dite nationale.»Elle a, ensuite, relevé : «Pour une femme, écrire signifie la possibilité de rompre avec le silence et prendre aussitôt la parole. Il s'agit également d'une possibilité d'engagement.» Selon Margarita Alfaro, «la littérature au féminin se dit à la première personne du singulier.»En d'autres termes, les femmes écrivaines s'investissent dans la fiction où l'autobiographie est omniprésente.
«L'imaginaire est nourri par le réel, il est travaillé par le vécu et les expériences personnelles», a-t-elle soutenu. Margarita Alfaro, pour qui la littérature dite au féminin «augure une quête de la transformation et de la transparence», dira : «L'écriture leur permet de dire une autre réalité, d'instaurer une nouvelle esthétique, une sensibilité nouvelle où il y a la possibilité d'introduire l'intercompréhension.»Ainsi, écrire pour toutes ces femmes s'avère un défi, et une fois celui-ci relevé, elles pourront «créer des mondes possibles.» Giuliana Sgrena, journaliste italienne, a, de son côté, expliqué : «Lorsque les femmes se mettent à l'écriture, c'est pour raconter leur histoire», et de poursuivre : «L'histoire est écrite par les hommes, d'où le besoin pour ces femmes de s'engager dans la littérature.» Giuliana Sgrena a, en outre, indiqué qu'en écrivant «les femmes sont soucieuses de récupérer la mémoire individuelle et de confronter cette mémoire à l'oubli». «En écrivant, elles cherchent une possibilité de créer un ordre nouveau, une situation nouvelle. Elles cherchent à rompre avec la tradition, à créer d'autres espaces, un public», a-t-elle étayé. Et de conclure : «Les femmes écrivent pour avoir une place dans la société, pour repousser les limites, ne pas reculer, aller toujours de l'avant. Ces femmes écrivaines considèrent l'écriture comme un pouvoir. Le pouvoir de sortir de l'amnésie sociale, de parler, donc d'exister en tant que sujet pensant et actif.»
May Telmissany, une romancière égyptienne, a, pour sa part, parlé de son expérience personnelle dans l'écriture.
«Mon expérience d'écrivaine est bien différente de celle des femmes qui ont commencé à écrire bien avant moi», a-t-elle dit, et d'expliquer : «Je n'écris pas pour revendiquer la prise de parole ou pour militer pour un droit. Ecrire pour moi ne signifie pas une prise de position idéologique ou un engagement politique ou social. Mon écriture s'inscrit dans la modernité. C'est une écriture intimiste où il y a une rupture délibérée et consciente d'avec les causes nationales. Et ce n'est pas parce que je suis une femme et que j'écris sur les femmes que je me considère une militante, une féministe. Cela ne veut toutefois pas dire que mon écriture est coupée de la réalité. Bien au contraire, mon univers romanesque est pétri de vécu. Je m'en nourri et en fait ma matière.»
Les intervenantes s'accordent à dire et ce, en dépit de la différence de leur expérience de femmes écrivaines, que l'écriture est d'abord un acte de création, suscitant une vive émotion chez le lecteur.
«Nous sommes des créatrices seulement avec des points de vue différents, et lorsque nous écrivons, c'est pour parler de nos expériences, celles que les hommes ne connaissent pas.», ont-elles dit.
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Posté Le : 27/09/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yacine Idjer
Source : www.infosoir.com