Algérie

femme kabyle



Rapport sur la Condition de Femme kabyle et Amazigh
A la 8e Session de l’Instance Permanante des Peuples Autochtones Près de l’ONU
Par Kamira Nait SID


La femme Amazighe en général et kabyle en particulier, est doublement agressée : agressée dans sa féminité et agressée dans son identité linguistique et culturelle.
Non seulement il lui faudra lutter pour arracher ses droits légitimes et matrimoniaux, mais il lui faudra aussi en tant que principale gardienne de la langue (amazighe et kabyle) lutter contre la culture dominante arabo-musulmane.

La femme amazighe est victime de traditions et de lois particulièrement sexistes qui font des hommes ses supérieurs. Le code de la famille (texte de loi inspiré de la charia, fixant le statut personnel), est toujours là pour consacrer l’inégalité de l’homme et de la femme bien que l’Algérie ait ratifié la convention contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Mais cette discrimination juridique trouve aussi de solides défenseurs dans les sphères conservatrices des différentes sociétés culturelles algériennes où sévit l’intégrisme islamiste. L’état des lieux, aujourd’hui, montre que la femme amazighe est loin d’être respectée dans ses droits légitimes. Elle est agressée dans sa vie quotidienne verbalement, physiquement, symboliquement, psychiquement, juridiquement......

La femme kabyle qui, dans nos anciennes coutumes, était respectée comme femme et épouse, se retrouve aujourd’hui reléguée au rang de mineure à vie. Dans la tradition ancestrale kabyle, les femmes ont toujours forcé le plus grand respect de la part de leur collectivité. Elles participaient aux décisions touchant la famille, les droits du patrimoine, l’éducation… C’est à elles qu’est toujours revenu le droit de préserver les traditions culturelles de leur peuple. Elles participaient activement aux décisions importantes prises par la communauté.
Dans l’histoire ancienne, les femmes Amazighes ont occupé une place importante et ont été quelquefois à la tête de royaumes (la Kahina dans les Aurès et Fadma N Summer en Kabylie...) font encore la fierté du peuple kabyle.

Condition de la femme kabyle

La société kabyle ancienne s'appuyait sur une stricte répartition des rôles, des droits et des devoirs entre hommes et femmes. Les mondes masculins et féminins étaient séparés, mais la femme y était respectée. La maîtresse de maison était considérée comme le pilier de la famille. L'homme vaquait aux affaires extérieures : le dur travail des champs, faire le marché et gérer l'argent de la famille. La femme restait en principe chez elle. Elle tenait la maison, élevait les enfants. Elle s'occupait des animaux, faisait de la poterie et du tissage. Elle avait aussi en charge la corvée d'eau et le ramassage du bois. Lorsqu'elles avaient du temps libre, les femmes se recevaient entre elles à la maison. Entre les enfants et le père, la femme tenait le rôle de médiatrice, un enfant n'ayant pas à interpeller son père. Celui-ci est le chef de famille au sens fort : il est le gardien de l'honneur de sa famille, mais il pouvait difficilement ne pas tenir compte de l'avis de sa femme.
Lorsque la situation était particulièrement critique, on s'en remettait aux femmes. En cas de sécheresse grave, la procession d’Anzar, pour obtenir la pluie, était leur affaire. Si on craignait une malédiction dans le village, ce sont les femmes qui déclenchaient Timzeght, le sacrifice d’un bœuf.
Par le passé, les femmes avaient aussi un rôle important lors des conflits entre tribus. Souvent, avant une guerre, les tribus envoyaient des délégations de femmes qui tentaient une ultime négociation, souvent avec succès.

La femme Kabyle est connue pour son fort caractère et son insoumission. De ce point de vue elle était l’égale de l’homme. Aujourd’hui encore, les femmes Kabyles luttent sans relâche contre le code de la famille algérien qui est majoritairement inspiré de la Charia. Parmi les plus connues on peut citer, par exemple, l’association Tarwa n Fadma n Soumer, (Les enfants de l’héroïne Fadma n Soumer), Tighri n Tmettut (Le Cri de la Femme) ou le Collectif des Femmes du Printemps Noir et tant d’autres ….
La femme kabyle n’a jamais cessé de se battre pour se faire entendre et se faire respecter. Quand bien même elle affronte un système traditionnel avéré inégalitaire au fil du temps, elle à faire à plus forte partie lorsqu’elle a en face d’elle le régime arabo-islamique algérien. Indignée dès le lendemain de l’indépendance de l’Algérie que le nouvel Etat soit si ingrat envers elle et les sacrifices qu’elle avait consenti pendant la guerre de libération, elle a appris à se défendre sans recourir à la légitimité politique que les hommes du régime tirent de leur soit disant participation à cette guerre. Elles ne veulent plus faire de la violence armée la source de quelque légitimité que ce soit.
Code de la famille

La montée du mouvement intégriste au milieu des années 70, produit de l’école et des institutions algériennes, a amené le parti unique en 1982 à adopter le code de la famille. En voulant asseoir le régime sur l’islam pour combattre les « berbéristes kabyles » le parti unique avait fait le choix de sacrifier les droits de la femme contre les valeurs modernistes de la Kabylie.
Prenons l’article 39 du Code de la famille. Que dit-il ? La femme est tenue d’obéir à son mari et à sa belle famille. Le pire des terroristes islamistes ne pourrait dire pire. L’article 8, lui, légalise la polygamie. La société kabyle n’a pourtant pas de penchant polygame. À quoi le doivent-elles, les femmes kabyles, ce bonheur de la monogamie ? À la pauvreté ? À leur incompréhension de l’esprit de l’islam ? Peut-être ! Mais ne pourrait-on pas aussi supposer que cela serait simplement le fait d’un "dommage collatéral" des traditions kabyles d’une part du mariage endogame et d’autre part au respect de la personne humaine, à commencer par la femme ? C’est, en tous les cas, notre conviction.


Quant à l’article 11, il instaure pour la



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