Algérie

"Fekhar dérange-t-il même après sa mort '"



La famille Fekhar affirme avoir chargé Me Salah Dabouz de déposer plainte contre X.Alors que les raisons de sa mort, en détention, le 28 mai dernier, ne sont toujours pas élucidées, la tombe du défunt militant des droits de l'Homme le docteur Kamal-Eddine Fekhar vient d'être profanée. Cet acte, pour le moins abject, aurait été commis dans la nuit de jeudi dernier, au cimentière El-Alia, à Alger, où il est enterré. Les auteurs restent jusqu'à présent inconnus."Fekhar dérange-t-il même après sa mort '" s'interroge Mme Zahira Fekhar, veuve du défunt, dans un post sur son compte Facebook, accompagné de deux photos illustrant l'état de la tombe avant et après la profanation.
Les photos montrent clairement que ce sont, surtout, le message politique inscrit sur une plaque de marbre et le drapeau amazigh posé sur la tombe qui dérangent. "Je meurs pour que vivent les Mozabites ; assassiné en prison", tel est le message lourd de sens porté sur la tombe de l'infatigable militant qu'il était. "Dans un geste très audacieux et provocateur, la tombe de mon défunt mari, Kamal-Eddine Fekhar, a été soumise à une grave attaque et à la destruction quasi totale par des inconnus", s'indigne la veuve qui se demande s'il faudrait, désormais, déplacer les ossements du docteur Fekhar pour qu'il puisse enfin reposer en paix. "Mes enfants et moi devrions-nous envisager de déplacer les restes de mon mari, Kamal-Eddine Fekhar, hors du pays pour qu'il puisse reposer en paix '" s'interroge-t-elle.
Cela est, néanmoins, loin d'être synonyme de résignation de la part de Mme veuve Zahira Fekhar, qui informe avoir déjà chargé l'avocat de la famille, en l'occurrence Me Salah Dabouz, de déposer une plainte contre "le ou les auteurs de ce crime". Observant une grève de la faim depuis quelques jours, l'avocat a vivement dénoncé, également sur sa page Facebook, le saccage de la tombe de Kamal-Eddine Fekhar. Nos tentatives de le joindre, hier, ont été vaines. Au lendemain de la mort du docteur Fekhar, Me Dabouz avait accusé ouvertement le procureur général de Ghardaïa et parlé d'une "mort programmée". Pour
Me Dabouz, la mort du militant serait la conséquence d'une "négligence médicale" plutôt que de la grève de la faim observée par son mandant alors en détention à la prison de Ghardaïa. La veuve du défunt n'est pas moins remontée contre l'appareil judiciaire de Ghardaïa et le personnel de l'hôpital de Blida où il a été transféré à partir de l'hôpital Trichine-Brahim de Ghardaïa, où il était hospitalisé dans un premier temps. Pour sa veuve, le docteur Fekhar est mort dans des "circonstances suspectes".
Pour rappel, le défunt Fekhar avait été arrêté le 31 mars dernier et placé sous mandat de dépôt pour la troisième fois depuis son engagement politique. Si le parquet avait annoncé l'ouverture d'une enquête pour élucider les conditions de son décès, les résultats ne sont toujours pas connus. Il en est de même pour les résultats de l'autopsie effectuée sur lui, qui sont également gardés secrets à ce jour. Pis encore, la profanation de sa tombe n'a suscité, jusqu'à présent, aucune réaction de la part des autorités.

Farid Abdeladim


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