Algérie

Fayez Al-Sarraj jette l'éponge



Devant l'incapacité de son équipe à prendre en charge les besoins des Libyens, en eau et en électricité, en plus de dix ans de guerre, Fayez Al-Sarraj a fini par comprendre qu'il sera tôt ou tard la cible des manifestants, explique le chercheur Djallil Lounas.Le président du Conseil présidentiel du Gouvernement d'union nationale libyen (GNA), Fayez Al-Sarraj, a annoncé mercredi soir son intention de se retirer de la direction du GNA, au plus tard fin octobre, dans un contexte de forte pression interne marquée par des manifestations populaires dans tout le pays réclamant le changement.
Al-Sarraj a expliqué son intention de départ par la nécessité de céder la place à un nouvel exécutif issu des pourparlers inter-ibyens qui se poursuivent à Genève. "J'annonce à tous mon souhait sincère de céder mes fonctions à un prochain pouvoir exécutif avant fin octobre au plus tard, en espérant que le Comité de dialogue achève ses travaux, choisisse un nouveau Conseil présidentiel et transfère les pouvoirs au Premier ministre conformément aux conclusions du Congrès de Berlin", a déclaré le chef du GNA, lors d'une brève allocution télévisée.
Fayez Al-Sarraj s'est félicité du dialogue interlibyen mené sous l'égide l'ONU et des recommandations qui en ont découlé en référence aux consultations de Montreux, tenues du 7 au 9 septembre en Suisse, soulignant que ces discussions ont balisé le terrain pour une "phase préparatoire" à une solution globale en Libye. Le chef du GNA a exprimé en outre son "soutien à tout dialogue politique qui déboucherait sur l'élection de nouveaux organes politiques susceptibles de mettre un terme à la division en Libye".
Mais pour plusieurs observateurs de la scène politique libyenne, le retrait d'Al-Sarraj était déjà dans l'air depuis quelques semaines, notamment après une vague de contestation populaire sans précédent, provoquant une crise politique au plus haut sommet du gouvernement. La forte pression de la rue a fini par convaincre le Premier ministre de jeter l'éponge, explique Djallil Lounnas, chercheur en relation internationale. "Le Premier ministre libyen fait face à des pressions énormes ces dernières semaines.
Les manifestations de rue qui secouent aussi bien Tripoli que l'est du pays ont ébranlé les dirigeants. A l'est, la semaine dernière, le gouvernement parallèle a remis sa démission au Parlement de Tobrouk, sous contrôle du général Khalifa Haftar, faisant les frais d'une gestion chaotique. Nous sommes à peu près devant le même schéma à Tripoli où siège le Gouvernement d'union nationale (GNA).
Ce dernier est remis en cause par les protestataires qui occupent la rue depuis déjà près d'un mois", explique-t-il pour Liberté. Pour cet enseignant en relations internationales à l'université américaine, au Maroc, "Al-Sarraj, devant l'incapacité de son équipe à prendre en charge les besoins élémentaires quotidiens des Libyens, besoins en eau et en électricité, en plus des dix ans de guerre et de déchirement qui ont éreinté les Libyens, a fini par comprendre qu'il sera tôt ou tard la cible directe des manifestants et a donc préféré se retirer".
Avant cette annonce, il faut rappeler, ajoute M. Lounnas, que la vague de la contestation en Libye a déjà provoqué une crise politique interne au GNA. Entre Fayez Al-Sarraj et son ministre de l'intérieur influent, Bachagha, les relations se sont détériorées au point que ce dernier a été "suspendu", bien que temporairement, de son poste par Al-Sarraj qui lui a reproché sa gestion des manifestations.
"Tous ces éléments combinés à des pressions internationales rappelant le droit des Libyens de manifester ont fini par décider le président du Conseil présidentiel libyen de jeter l'éponge", analyse M. Lounnas.

Karim Benamar


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