Faux-semblants et droit de cité

Pour ne pas se départir du reste, le football algérien vient d'être secoué lui aussi par la mise en détention de deux de ses acteurs principaux. L'un est président d'un club, l'autre est un courtier, spécialiste dans le marchandage et le troc des joueurs. Peu importent les griefs constatés et prouvés, objets de leur incarcération, car les causes communes et similaires des incartades illégales dans le monde du sport algérien sont dues à une situation incongrue qui laisse pantois.Au cours de cette année on a été assourdi par les réclamations de salaires hurlées par des supposés athlètes convaincus d'être des monstres professionnels, mais dont la qualification n'a que l'illusion qu'offrent les étiquettes dans un désordre économique et social. La légitimité de leurs colères ne doit pas cependant être bottée en touche car ce sont la lugubre notion, les mauvais tenants du professionnalisme et leur environnement politique dans lesquels ils se sont engagés qui sont en cause. Le monde du football algérien a fini par avoir lui aussi une pensée tordue unique pour arracher les tares négatives des associations et des partis politiques et s'inscrire dans la philosophie de la rente. Le mélange des genres entre données salariales et travail a perverti, ici sans doute plus qu'ailleurs, le sens de l'activité économique pour ériger le Trésor public en véritable samaritaine. L'absence de frontières entre le bénéfice politique que charrient la convocation des meutes et l'évolution normale digne d'une entreprise économique a casé le professionnalisme au c?ur du paradoxe.
L'illégalité et les man?uvres financières des dessous-de-table dans le sport n'est pas une particularité algérienne et leurs déploiements au rythme des scandales répétés ont une dimension mondiale. Le fou galvaudage des émoluments à coups de milliers de milliards d'euros et de dollars a de quoi terrasser ceux qui crient famine et ceux qui suent pour tenter de valoriser financièrement leur rentable et bénéfique savoir-faire.
Sauf qu'ailleurs les faux-semblants n'ont pas le droit de cité et que le salaire n'a de vrai sens que s'il a un retour sur dividendes.