Algérie

Faux Diplômes Ou Fausse Affaire '



Deux ministres ont été mis récemment dans un box de fraude universitaire. L'un des deux n'est néanmoins pas moindre. Il n'est ni un technocrate endurci dans un gouvernement ni un technicien avéré dans un département professionnel. Sa responsabilité, son profil, ses attributions n'ont nullement trait avec un quelconque secteur d'économie, de logements, de pétrole ou d'autre chose du genre. Loin des citoyens et de leurs lots d'inquiétude quotidienne, ses relations ne sont que parlementaires. Lui, sa personne et son secteur n'ont en réalité qu'un seul et unique caractère. Le tout politique. La nature intrinsèque des relations avec le Parlement, c'est presque un pont à soutenir en période de sessions entre le gouverneur et l'élu national. Etiqueté en gras et gros sous un label partisan, il a le devoir de «parlementer» avec toute la composante de ses pairs. Il sert en fait d'agence de fixation de rendez-vous, de rencontres et leur agencement entre le pouvoir et le peuple. Cela semble ne pas trop nécessiter de diplômes et de titres.A la limite, cela exigerait une conduite de négociateur, une adresse attentive et surtout une manière exceptionnelle de savoir et pouvoir ramener la conjonction d'avis et partant réduire la réticence et la contestation. Une tâche, voyez-vous, qui commence à se compliquer, non pas par-devant une partie politique dite d'opposition, mais dans l'autre, dans sa famille ou celle dite de l'alliance. La lutte intestine, dirait l'autre, est plus horrible et terrible que celle que l'on devait mener à l'encontre d'un adversaire clair et identifié.
L'histoire renseigne que dans les luttes politiques de sérail, tous (ou presque) les moyens à mettre en ?uvre se légitiment. Cette histoire renseigne ainsi qu'en face de probables faux diplômes, il y aurait aussi une fausse affaire avec un probant résultat. L'étudiant d'hier est aujourd'hui une influence au sein de son parti. «Sa fougue, son âge, sa région et ses différents mandats électoraux», disait un parlementaire invétéré de la majorité, «sont en phase de dessiner pour lui, dans un proche avenir, ou le perchoir du palais de Zighoud ou le siège de Hydra». Alors, l'éventuelle action opératoire pour bloquer ce cheminement et boucher cette vision n'aboutirait, selon les barreurs de routes, que par le découragement du preneur d'une telle décision, d'une part, et susciter le repli et le désarroi chez le prétendant, d'autre part.
En fait, ce n'est plus une affaire tant que l'on a déjà connue autant en fausse ou vraie fausseté. Des «faux moudjahidine», des «magistrats faussaires», des «fausses déclarations» à l'imposture et la contrefaçon des m?urs, toutes les conjonctures factuelles vont dans des conjectures de circonstances. L'on trouve toujours une excuse légale ou professionnelle pour toute disgrâce, éviction ou mise à mort, à défaut d'en avoir une autre plus directe. L'Algérie, comme tout pays en toute vérité et pleine authenticité, a ses vrais moudjahidine, ses vrais cadres et son visible soleil. En face, par nature, il existe aussi des faunes qui ne se reflètent que par le cri au loup ou le voilage des intentions. Il est malheureux, cependant, de voir que rien ne s'épargne dans l'optique politique de descendre un rival quitte à jeter l'anathème sur l'université, l'histoire et la morale.
Maintenant que la justice a pris son cours et attend ses recours, il ne reste qu'au droit, dans ses règles les plus impératives, de s'appliquer majestueusement. Une telle situation, si elle arrangeait des calculs ténébreux ou attisait une concurrence régionale, elle ne pourrait promouvoir l'éthique liée à l'exercice politique ou au mérite académique, en ces temps où tout finira par se faire savoir.


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