Algérie

Faux coupable



Lors du dernier Conseil des ministres, le président Bouteflika a appelé le gouvernement à rationaliser la gestion des dépenses publiques qui connaissent d'année en année un accroissement inconsidéré qui ne reflète pas l'état réel du développement économique du pays. Le constat n'est pas nouveau. A voir la « générosité » avec laquelle sont répartis les budgets de fonctionnement des ministères et des administrations publiques, privilégiant avec une constance douteuse, sous la pression de forces sociales agissantes dans la société, des départements bien précis, la réponse quant à la question de savoir si l'argent de l'Etat est bien ou mal dépensé est donnée par le train de vie outrancier de l'Etat que ne connaissent même pas les pays nantis de la planète. S'il existe aujourd'hui à un haut niveau une volonté politique réelle pour revenir à l'orthodoxie dans la gestion des finances publiques, gage de succès de toute politique de développement, la seule manière pour convaincre l'opinion que Bouteflika est décidé, plus que jamais, à veiller sur notre tirelire contre les prédateurs de tous poils est de passer du stade du discours à la réalité du terrain en traquant les auteurs et les sources de la gabegie. Certes, le chef de l'Etat a révélé un anachronisme et une vérité amère que nous paierons certainement cher, demain, si des mesures de redressement ne sont pas prises immédiatement dans le sens de l'assainissement de la gestion de nos finances publiques pour éviter de continuer à manger notre blé en herbe. Mais il a, en revanche, entretenu une certaine confusion dans les esprits en désignant implicitement un faux coupable : le citoyen, alors que le mal est ailleurs. Allez convaincre le retraité qui perçoit le smic ou moins que cela, qu'il profite exagérément des richesses du pays, les enseignants qui quémandent depuis des mois une chimérique augmentation des salaires et qui sont bastonnés et traînés devant les tribunaux pour trouble à l'ordre public ! Et on pourrait multiplier ainsi à l'infini les exemples de catégories sociales qui vivent d'expédients dans un pays qui n'a jamais respiré une telle aisance financière. Où va alors l'argent du pétrole ' Qui pourra arrêter la folie dépensière des structures de l'Etat ; tous ces séminaires nationaux et internationaux dont l'utilité n'est pas toujours avérée organisés par l'Algérie avec faste, les missions de complaisance à l'étranger, les avantages divers servis aux ministres et à certains hauts cadres de l'Etat, jusqu'à la femme de ménage payée par le Trésor public ' Est-il normal que l'Etat continue à prendre en charge l'hébergement et toutes les charges annexes des ministres et des commis de l'Etat qui se relaient au Club des Pins depuis près de deux décennies ' Des réalités qui contredisent tous les discours ronflants sur la volonté de l'Etat de mettre de l'ordre dans les finances publiques. Faudrait-il alors s'inspirer de l'expérience que s'apprête à lancer le leader libyen Mouâmar Gueddafi qui vient d'annoncer la suppression des ministères et la dotation au profit de chaque famille d'un budget annuel destiné à couvrir les dépenses courantes des ménages '


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