Algérie

Faux billets et trafic de psychotropes


Les magistrats du tribunal criminel de Annaba siégeant mercredi dernier n'auront pas la primeur des révélations sur les tenants et aboutissants du réseau spécialisé dans la contrefaçon et l'introduction en Algérie de faux billets de banque en dinars et étrangers.Radouane Moufok, le seul et unique accusé qui a comparu à la barre, s'est avéré être un simple fusible. Il n'a rien dit de plus que ce qui a été mentionné dans l'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation établi sur la base de ses auditions, des preuves matérielles avancées par les services des Douanes algériennes au titre de partie civile et de l'enquête judiciaire qui a suivi. Pas de révélations au grand dam des nombreux représentants de la presse venus couvrir le procès. D'aucuns affirmaient que cette affaire des 99 faux billets de 100 euros et des 1.745 comprimés de psychotropes Subitex que l'accusé voulait introduire en Algérie, via l'aéroport d'Annaba, révélerait les tenants et aboutissants d'une autre affaire plus importante. Celle-ci est liée à la circulation dans notre pays de faux billets de dinars algériens. C'était en 2008, soit deux années après l'attaque à main armée à Marseille d'un camion transportant du papier spécial pour la confection de billets de 1.000 DA. Le camion avait totalement disparu malgré les recherches effectuées pour le localiser et récupérer les 45 rouleaux de papier destinés à la confection des numéraires algériens. D'un côté comme de l'autre des deux frontières, on s'était intéressé aux spécialistes de la contrefaçon, y compris les Italiens de Sicile. Tout un chacun à Annaba était fermement convaincu que les faux billets d'euros trouvés en possession de Radouane Moufok pourraient ouvrir une autre piste, celle de l'implication d'un ou de plusieurs Etats étrangers intéressés par la mise à genoux économique et sociale de l'Algérie. Cependant, à la vue de l'accusé, avec son air de dire «pourquoi je suis dans le box des accusés» et de sa mine d'enfant gâté, les journalistes présents ne pouvaient croire que pareil sieur pouvait intéresser la mafia algérienne ou sicilienne, encore moins des services étrangers spécialisés dans la déstabilisation de l'Algérie. L'affaire des faux billets de 1 000 DA révélée par le DPJ à la DGSN est trop grosse pour que les chefs du réseau puissent se permettre de recruter des aides de petite envergure. Cependant, rien n'empêcherait les mêmes chefs de donner à Radouane Moufok le rôle de «porteur de valises» de faux billets de 100 euros et de 1.000 dinars avec pour objectif de les mettre en circulation dans notre pays. Il faut croire que c'est le cas puisque, tout en étant au chômage en Algérie et en France, où il possède une carte de résidence de 10 années, Radouane s'était permis de faire 43 aller-retour Annaba-Marseille. Il partait à Marseille les mains vides pour revenir avec des valises bourrées d'objet vestimentaires et autres. «J'écoulais les produits que je ramenais de France dans mon quartier auprès des voisins. Je n'ai rien à voir avec cette affaire de faux euros. C'est un coup monté du personnel d'Air Algérie. Je ne sais pas pourquoi, mais ils m'en veulent», a affirmé benoîtement le mis en cause. Le 27 septembre 2007, les douaniers de l'aéroport d'Annaba avaient trouvé dans deux des valises qu'il avait ramenées de Marseille 99 billets de 100 euros et des psychotropes. Les enquêteurs n'iront pas plus loin dans leur enquête dans cette affaire pourtant préjudiciable à notre économie. Mieux, durant plusieurs mois, Radouane Moufok, qui nie être le propriétaire des valises litigieuses, a été mis en liberté provisoire. En effet, auditionné par le procureur de la République, il avait été placé sous mandat de dépôt avant de bénéficier de cette mesure. Ce qui ne l'avait pas empêché de se déplacer à Marseille. Et c'est justement à l'occasion d'un de ses voyages vers cette ville de France qu'il avait été interpellé. Mercredi dernier au tribunal criminel d'Annaba, on était loin, bien loin même de cette affaire révélée par la police judiciaire d'Alger. Certes, des animateurs du réseau sont tombés en France, en Italie et en Algérie. Mais pour de nombreux observateurs, il s'agirait de menus fretins. De simples passeurs genre Redouane Moufok ayant pour mission l'introduction et l'écoulement en Algérie de faux billets de 100 euros et de 1 000 dinars algériens. En se limitant au superficiel et en se refusant d'investiguer au fond, ceux en charge de ce dossier ont raté une occasion de mettre définitivement hors d'état de nuire tous les membres du réseau. En fait, cette affaire des 99 faux billets d'euros que Radouane Moufok a tenté d'introduire clandestinement en Algérie le 27 septembre 2007 n'a pas eu le retentissement attendu. Et lorsqu'à l'issue de son réquisitoire le représentant du ministère public a demandé 7 années de prison ferme et 1 million de dinars d'amende à l'encontre de Radouane Moufok, la messe était dite. Les magistrales plaidoiries des deux avocats Farah Mohamed Salah et Chebira Mohamed Larbi ont été un peu plus convaincantes. Ce qui a amené le tribunal à condamner le mis en cause à 5 années de prison ferme pour contrefaçon de billets de banque étrangers et leur introduction en Algérie importation illicite de psychotropes.
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