Fauteuils de la gloire

Souvent, la gloire ne vient pas d'où on l'attend. Tant il est vrai que lors de ces JM 2009, nous avons récolté des médailles, le très peu qu'il y a pour le moment, de disciplines pas «chouchoutées» dans le sport national. Une médaille d'argent en boules, cela n'est pas dans les habitudes sportives algériennes. Que non, Zoubeidi Khaled, un natif de Tiaret, a bien gagné sa médaille, en argent. Il a, du coup, fait bomber le torse de ceux qui ont les cordons de la bourse qui permettent aux athlètes d'inscrire leur nom au Panthéon de la Gloire. Les sports de boules, c'est pas pour rabaisser cette discipline mais cela n'est pas dans nos coutumes de voir des médailles tomber du ciel. Et, dans ces JM 2009, il est navrant de le constater: nous n'avons pas encore moissonné dans les disciplines phares.

En natation, et à part l'étoile filante Kebab, c'était le vide sidéral. Le vide pourrait être comblé par les déjantés de la boxe, ceux qui sont là comme des pompiers. Ils peuvent nous valoir quelques satisfactions, comme ces athlètes handisport qui courent le 1500 m (T54) avec des fauteuils qui remontent au temps de Darius (Eddekyus), alors que le ministère leur a promis depuis belle lurette des fauteuils neufs. La somme de 700.000 dinars par fauteuil neuf homologué (une sorte de 4X4 pour les handicapés) est-elle trop élevée par rapport aux médailles que les athlètes handisport ont apportées au pays ? «Ils nous ont promis des fauteuils neufs, mais nous on attend toujours. Aujourd'hui, ici à Pescara, on nous demande de monter sur le podium avec des promesses», assure Bouhedda, potentiel médaillé lors de ces JM et champion d'Afrique. Il devait entrer en piste hier soir contre des athlètes handisport mieux équipés que lui, qui n'a que son souhait de «casser la baraque pour le Bled».

Et, dans ces JM 2009, il y a la touche italienne qui déteint sur tout ce qui se rapporte, et même les tracasseries politiques de Berlusconi n'échappent pas aux Guetteurs du Villaggio Mediterranneo. Pourquoi ? Parce que selon le vice-directeur de La Repubblica (gauche, proche du parti démocrate, et réputé pour ses grandes plumes comme Umberto Eco, Giorgio Bocca), «les changements provoqués par l'arrivée au pouvoir de l'entrepreneur milanais sont une catastrophe pour son pays». Le livre «Lo Statista : Il ventennio berlusconiano tra fascismo e populismo» (« L'Homme d'Etat : les 20 ans au pouvoir de Berlusconi, entre fascisme et populisme), écrit il y a quelques mois par Giannini, affirme ni plus ni moins que le patron du Milan AC est un dictateur et ressemble à Mussolini. Dans la Botte italienne, le livre fait débat, mais sans pour autant inquiéter les affaires d'Il Condottiere. Chez nous, cela aurait fait désordre, d'autant que la dérive du sport algérien ne semble pas préoccuper ceux qui ont en la responsabilité. Et c'est comme cela que lors de ces 16èmes JM de Pescara, nous n'avons pas encore gagné notre première médaille d'or et crapahutons en bas de classement. En face, l'Egypte et la Tunisie font figure de solides adversaires des grandes nations sportives, comme l'Italie, la France, l'Espagne et maintenant la Turquie. La comparaison n'est pas de trop car dans certaines disciplines, nous étions les meilleurs et les Espagnols comme les Français faisaient la haie pour nous laisser passer. Hier mercredi, on avait seulement 4 médailles (dont une en argent et trois en bronze), mais avec la promesse au moins d'une médaille en argent après la victoire en 1/2 finale de Ouradi Abdelhalim sur le Marocain Mesbahi (54 kg). Dans la soirée, d'autres bonnes nouvelles devraient tomber du monde la boxe. En attendant, l'Italie a ravi la «first» place à la France (66 dont 21 en or) avec 90 médailles (dont 26 or), alors que la Turquie reste bien accrochée à sa troisième place avec 38 médailles (16 en or). Pour les pays arabes, l'Egypte est en 6ème position avec 27 médailles dont 10 en or.