Algérie

FAUTE DE PLACES DANS LES AVIONS :Des milliers d’Algériens de France ne passeront pas l’Aïd en famille



« A chaque fois, c’est la même misère. Des billets introuvables ou vendus à des tarifs exorbitants ». Ahmed, 48 ans, a perdu tout espoir de passer la fête de l’Aïd avec sa famille.

Depuis plus de quinze jours, toutes les agences de voyages qu’il visite lui réservent la même réponse: toutes les places en tarifs promotionnels ont été vendues depuis longtemps. Ils restent quelques billets plein tarif, notamment sur Alger. « Ils m’ont proposé une place pour Alger le 30 décembre à 15h30. Mais j’ai refusé de la prendre parce que c’est loin de Constantine et je risque de ne pas arriver chez moi le jour de l’Aïd. Or, c’est pour passer la fête avec ma famille que j’ai décidé de partir en Algérie ». Ce dimanche, il compte appeler sa femme et ses enfants pour leur annoncer qu’il ne sera pas avec eux le jour de l’Aïd. En France depuis bientôt 30 ans, Ahmed fait un constat amer: « Depuis maintenant 10 ans, chaque année qui passe est pire que la précédente ».

Patron d’une agence de voyages situé dans le 11ème arrondissement de Paris, Mahmoud confirme: « Il n’y a plus de places pour la majorité des aéroports algériens. Il reste quelques-unes sur Alger mais elles sont proposées à des tarifs très élevés ». La cause ? Comme tous les ans, en période de forte affluence, les compagnies aériennes qui desservent l’Algérie livrent des places au compte-gouttes aux agences de voyages. Les autres billets, plus chers, sont vendus directement par les compagnies elles-mêmes, pour s’assurer des marges confortables.

Pire: les compagnies Air Algérie, Aigle Azur et Air France n’ont prévu aucun vol supplémentaire durant cette période. Pourtant, en plus des traditionnelles vacances de Noël et du Nouvel An, la fin de l’année 2006 coïncidera avec la fête de l’Aïd El-Kébir.

Il y a quelques années, les Algériens vivant en France acceptaient plus facilement les difficultés qu’ils rencontraient quand ils devaient prendre l’avion vers leur pays d’origine. Le terrorisme avait fait fuir toutes les compagnies étrangères et Air Algérie, en difficulté, peinait à répondre à leurs attentes. Aujourd’hui, les compagnies étrangères, y compris Air France, sont de retour. Et le marché mondial du transport aérien est en pleine expansion, avec notamment l’arrivée des compagnies à bas coûts (en anglais: law cost) et la multiplication des alliances.

« Nous avons des soucis de places sur deux pays: l’Algérie et le Mali, se plaint Mahmoud. Sur toutes les autres destinations, notamment le Maroc et la Tunisie, nous avons le problème inverse ». Pourtant, en plus des dizaines de milliers de personnes qui partent passer l’Aïd avec leurs proches sur place, le Maroc et la Tunisie s’apprêtent à accueillir plusieurs centaines de milliers de touristes français et européens à l’occasion des fêtes de fin d’année. Déjà confortablement desservi par de nombreuses compagnies européennes, régulières et charters, le Maroc vient même d’autoriser pour la première fois des vols d’une compagnie à bas coûts. Ces dernières proposent des vols réguliers vers plusieurs villes du royaume (Marrakech, Casablanca...) à partir de 130 euros l’aller-retour.

La Tunisie devrait également ouvrir son ciel à ces compagnies aériennes dans les prochaines semaines. L’Algérie quant à elle ne prévoit pas d’autoriser de nouvelles compagnies privées avant... 2009.




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