Algérie

Faut-il être mince pour être bien dans sa peau '



Le diktat de la minceur s'impose dans les sociétés modernes. Les standards de la beauté dictent leurs lois. Il faut être mince et svelte pour entrer dans le moule. Pour séduire et plaire aussi. Pourtant, les canons de la beauté n'ont pas cessé d'évoluer à travers le temps.Dans le passé, les femmes plantureuses aux formes généreuses correspondaient aux normes esthétiques de la société. Le cinéma des années 50 mettait en lumière les actrices bien en chair, à l'instar de Gina Lollobrigida, Marilyn Monroe ou encore Sophia Loren. Les maigrichonnes, squelettiques et autres «planches à repasser» n'avaient pas leur place sur le podium.
A partir des années 1970, le diktat de la minceur s'est imposé dans les milieux de la mode et du cinéma. Le culte du corps mince est né. Ce standard ne se limite pas uniquement aux arts médiatiques et visuels. En société, on se moque facilement des corps XXL. Les empâtés, grassouillets, ventrus sont souvent raillés et moqués. Et cela commence déjà à l'école où les enfants sont souvent impitoyables. «Toute ma vie j'ai suivi des régimes amaigrissants dans l'espoir d'avoir une silhouette fine, raconte Nawel (39 ans). J'ai toujours été ronde et j'ai compris, très tôt déjà, que je dénotais par mon surplus de kilos. A l'école, mes camarades se moquaient de mon poids. J'étais la fillette la plus grosse de la classe. Par conséquent, j'étais souvent mise à l'écart pendant la récréation. L'insulte la plus blessante pour moi fut ?'espèce de grosse truie''. A l'adolescence, mon surpoids m'a donné des complexes. Afin de dissimuler mes formes, je portais des vêtements amples. J'ai commencé à faire des régimes. Je perdais des kilos que je reprenais au bout de quelques semaines, à mon grand désarroi. J'ai essayé tous les régimes que j'ai pu trouver sur internet. Aujourd'hui, au prix de grandes privations alimentaires et avec plusieurs séances de sport par semaine, j'arrive à maintenir un poids acceptable mais j'ai compris que je n'aurai jamais la plastique d'un mannequin».
Les kilos, gage de bonne santé '
Chaque société a son baromètre de l'évaluation du physique. «Ma grand-mère me trouvait très beau alors que j'étais constamment moqué pour mon surpoids, nous révèle Ahmed (55 ans). Pour l'ancienne génération qui a souffert de la disette et des privations, être bien en chair était un signe de bonne santé. Vers l'âge de 10 ans, j'étais carrément obèse. Je traînais mes kilos comme on traîne un boulet. Je me bagarrais à chaque fois que quelqu'un me traitait de ?'boualitta'' (ventru). A l'âge de plaire aux filles, je me suis lancé un défi : retrouver un poids normal. Mes parents m'ont inscrit dans une salle de sport. J'ai supprimé sucreries et sodas. Au bout de 6 mois, mon corps s'est transformé. J'avais l'impression d'être dans la peau de quelqu'un d'autre. Mon moral est remonté. Depuis, j'ai toujours surveillé ma ligne.»
Diktat et aliénation
Pour garder un poids idéal et se maintenir en forme, il est indispensable de pratiquer une activité sportive et de surveiller son assiette. «Pas facile de résister à tout ce qui s'expose en vitrine comme desserts et gâteaux, reconnaît Yasmine (28 ans). Je me bats pour perdre les 7 kilos pris ces derniers temps. Pour me motiver, j'achète des jeans en taille 38 dans l'espoir de rentrer dedans. Il y a tous ces mannequins sur papier glacé qui nous font envie. Le diktat de la mode et de la beauté s'est imposé et a fixé les règles du jeu. La minceur est un gage de bien-être et de séduction. Et nous, en tant que femmes, nous sommes complètement aliénées par ces standards. La vraie question est de savoir s'il faut être au régime ou s'accepter comme on est».
Signe des temps, certaines stars se rebiffent contre ce diktat de la minceur. Les mannequins de grande taille gagnent de plus en plus de visibilité à l'instar de l'Américaine Ashley Graham. Pourquoi les femmes et les hommes devraient-ils continuer à cultiver un mal- être et un complexe par rapport à leur embonpoint ' En dehors du critère de la santé, l'acceptation de soi est un grand pas vers la sérénité.
Soraya Naili


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