Algérie

Fausse note flamenca



Fausse note flamenca
Abdelhafid Douzi, chanteur marocain de Raï &B, a fait son show, samedi soir, dans sa région à lui, Oujda, où se tient depuis le 8 août le Festival international du raï.Mère algérienne, père marocain, résident belge, le «Citoyen du monde», comme aime à se définir celui qui, déjà à l'âge de 8 ans, avait fait fondre les c?urs au Maroc, surtout celui des mères de famille, en chantant Goulilimmumtitiji (Maman reviens à moi). A l'époque, selon son frère et manager, Kader, il avait pu écouler cet album au Maroc à plus de 700 000 exemplaires.D'après les nombreux amateurs de raï à Oujda, le succès de Abdelhafid Douzi est dû surtout à son frère Kader, auteur-compositeur et ancien chanteur de raï. Interprétant plusieurs titres de ses deux derniers albums, dont Laayoune Ayniya, lors de cette deuxième soirée sur la grande scène d'honneur, Douzi n'a pas déçu ses fans, même si ces derniers ont dû patienter jusqu'à 2h du matin pour voir leur idole monter sur scène.Le concert de Douzi a débuté avec deux heures de retard et a même failli être annulé en raison d'un «malentendu» entre lui et les organisateurs, dont on ne connaîtra pas la raison, selon des journalistes marocains qui se trouvaient dans les coulisses du festival.Ne pouvant pas vraiment être classé dans la case de chanteurs raï, Douzi s'est fait reprocher, dans l'après-midi de samedi, en conférence de presse, d'avoir souvent recours au play-back et au semi-play-back. «Le genre musical dans lequel j'évolue fait appel à des techniques modernes et à une rythmique séquentielle.J'assume ce choix et je continuerai à chanter ainsi», a-t-il répondu. Si Douzi peut se vanter d'une popularité soutenue par un grand travail de marketing autour de son image, il se trouve que parmi le public beaucoup trouvent sa prestation un peu trop «synthétique». «Le raï, c'est la scène, le live, des instruments du terroir et d'autres modernes ; une mélodie qui vous fait bouger, même si vous êtes assis sur une chainse roulante», résume le représentant d'un journal arabophone de Rabat.Avant lui, Hamid Bouchenak, un autre natif d'Oujda, a convié le public amassé sur l'esplanade de la scène d'honneur à des ballades raï et meghrabi dans une ambiance de fête de famille. Hamid Bouchnak est issu d'une famille qui connaît bien la musique. Son père, Benyounès dit «Afandi», est un musicien très réputé dans le milieu de la musique arabo-andalouse.Chico et Oued EddahebChico et les Gipsy King, qui se sont produits lors de cette soirée, ont, comme à l'accoutumée, donné la pleine mesure de leur talent avec une demi-douzaine de chansons rumba, flamenco, pop et rock. Une prestation de haute facture des auteurs de tubes cultes tels que Bamboléo ou Djobi Djoba qui n'a pas laissé indifférent le public oujdi. Le duo Chico (de son vrai nom Djelloul Bouchikhi) avec la chanteuse garnatie, Bayane Belayachi, non prévu initialement au programme, a immanquablement fait glisser la scène artistique vers un terrain politique.Allah Akbar et, dans une moindre mesure Laâyoune Ayniya, chansons glorifiant la marche verte entreprise par Hassan II en 1975 et l'annexion de Oued Eddahab, avaient incontestablement été fignolées dans un but propagandiste. La question sahraouie, qui envenime depuis trois décennies les relations algéro-marocaines, s'est ainsi invitée par effraction à un festival qui «se veut être un vecteur de rapprochement entre deux pays frères et que tout rassemble», nous déclarait quelques heures avant le directeur du festival, M. Amara.A l'évidence, le festival n'avait pas besoin de rappeler sur scène un conflit qui relève en premier lieu de la compétence des politiques. «Je trouve normal que le festival du raï serve de tribune pour véhiculer le message politique que veut faire passer le palais royal. Le Firo est organisé au Maroc et sous le parrainage de Sa Majesté Mohamed VI», nous rétorque une artiste marocaine à qui nous avions fait la remarque.Une cons?ur de la presse arabophone ne partage pas cependant cet avis. «La politique aux politiques, l'art et la culture pour le peuple. Mais que voulez-vous, le référent identitaire que représente le raï est devenu un autre enjeu politique dans la querelle que se livrent les deux pays», nous lance-t-elle plutôt résignée.Mais c'est l'attitude de Chico qui laisse plutôt perplexe. En acceptant de prendre fait et cause, à travers ce duo, pour l'annexion du Sahara occidental, l'artiste français prête ainsi le flanc à d'éventuelles critiques dont il pouvait facilement se passer. «Le duo avec Bayane a été convenu il y a de cela six mois.C'est moi qui en avait fait la proposition aux organisateurs», nous déclarait-il à la fin de son spectacle. Signalons qu'un hommage a été rendu lors de cette soirée à l'enfant d'Oujda, Djelloul Bouchikhi, dit Chico, et au plus ancien caméraman de l'Oriental et de la Radio télévision marocaine (RTM), Rachid Latabi. Une cérémonie d'hommages qui a coïncidé avec la visite effectuée sur le site du festival par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Ouzzeine.




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