Algérie


Faudel
A l'heure où la scène artistique française est traversée par des musiques venues du monde entier, le raï y a littéralement trouvé refuge : Paris est devenu un creuset de préservation du patrimoine musical algérien aujourd'hui en péril. Le succès que remportent les grosses pointures du "raï de là-bas" encourage et légitimise les vocations des enfants de l'immigration, interprètes de raï made in France dont Faudel est aujourd'hui l'emblème.

Faudel Bellula, alias Faudel, est né le 6 juin 1978 à Mantes-la-Jolie (banlieue parisienne), dans le quartier du Val Fourré. Son père, originaire de Chlef en Algérie, est alors ouvrier aux usines Renault et sa mère, du village de Hennaya, est employée de maison. Chez eux, les cassettes de raï du bled des parents cohabitent avec les rythmes soul et reggae des sept frères, tous musiciens. Sa grand-mère, qui faisait partie d'un groupe de "meddahates" (orchestre féminin interprétant des airs traditionnels oranais dans les fêtes familiales) a su lui insuffler l'âme du raï au cours des vacances estivales. A tel point que dès l'âge de 12 ans, Faudel fonde le groupe Les Etoiles du Raï, anime les fêtes associatives des terres mantaises et donne de petits concerts en reprenant les tubes de Khaled, Mami ou encore Zahouania sur une bande instrumentale pré-enregistrée.


Un an plus tard, il rencontre Mohamed Mestar, dit Momo, un ancien guitariste professionnel, qui a fondé une association de promotion des artistes locaux. Grâce à Momo, Faudel développe son propre répertoire et commence à faire les premières parties de Mc Solaar, Idir, Jimmy Oihid et même Khaled. En dépit de quelques cours de comptabilité et de métallurgie en fin de scolarité, l'aventure musicale prend très vite le dessus. En 1995, deux émissions de télévision lui sont consacrées : l'une, "Saga cités" sur France 3 (3ème chaîne de télévision française) et l'autre, "Les Enfants du Raï" sur Arte. Dans la foulée, il est sélectionné pour représenter l'Ile-de-France dans la catégorie "Découvertes" au Festival du Printemps de Bourges 1996.

Des concerts suivent et Momo met tout en œuvre pour trouver un contrat avec une maison de disques. Afin de mettre toutes les chances de son côté, Momo "met le paquet" et fait produire en janvier 96 les bases de trois morceaux de Faudel à New York, dans le mythique studio Record Plant (celui des grands albums de Bruce Springsteen et tant d'autres), avec des musiciens engagés sur place. Lorsque Faudel donne son concert au Printemps de Bourges, la major Mercury est conquise par l'originalité de sa musique : un raï qui puise ses racines au Maghreb mais résolument tourné vers l'Occident, mixant guitare new wave, déclamations afro-beat, sonorités reggae et rythmes flamenco.

Fort d'un contrat pour cinq albums, Faudel décide de ne plus aller "pointer" au lycée et réalise son rêve d'être salarié à 18 ans. Les tournées se succèdent et se confondent parfois avec celles de ses glorieux aînés, Khaled et Mami, en France et en Europe alors que la musique de Faudel et un extrait de concert sont repris dans le film de Ariel Zeitoun, "Elle est Belle la Vie".

1997 : "Baïda"



En octobre 97, celui qu'on a baptisé le "Petit Prince du Raï" sort son premier album chez Mercury "Baïda" (Blanche). Faudel y interprète un raï "light" empreint du traditionnel spleen allègre qui relate les amours brisées ainsi que l'hommage oranais tout en exprimant le malaise de la génération beur. Son simple "Tellement N'brick" (Tellement Je t'aime") est un des tubes raï qui a été consacré sur les radios communautaires lors du dernier Ramadan (janvier 98). Dans le groupe qui accompagne Faudel, on remarque Mathieu Chédid alias M, qui réalise également les arrangements de l'album.

Le 15 avril 98, l'occasion est donnée à Faudel de remercier le public du Printemps de Bourges qui l'avait plébiscité en 1996 et de lui présenter son premier album.

Depuis la sortie de l'album, Faudel enchaîne les concerts. Après le concert-événement "1.2.3.Soleils" à Bercy, avec ses aînés Khaled et Rachid Taha le 26 septembre, devant 15.000 personnes (de quoi impressionner), le jeune chanteur continue de tourner jusqu'à la fin de l'année à travers la France. L'album live du concert de Bercy est un vrai succès. Les trois chanteurs sont souvent invités sur les plateaux télé. L'adaptation en arabe de la chanson composée par Jacques Revaux "Comme d'habitude" (qu'ils ont interprété lors du fameux concert) sort en simple début 99. Ils vont d'ailleurs la chanter sur la scène de l'Olympia lors de la cérémonie des Victoires de la Musique le 20 février. Faudel se voit attribuer celle de la Révélation de l'année par le vote des téléspectateurs. Dans la foulée, il enchaîne deux soirées à l'Olympia les 10 et 11 mars.

Au cours de l'été 99, Faudel entreprend une tournée de six concerts en Tunisie. Ces concerts clôturent le "Faudel Tour", tournée internationale commencée début 99.

Chanson ou cinéma ?



Pendant l'été 2000, il se produit au Summer Stage Festival à New York. Mais c'est dans le domaine du cinéma que le jeune Faudel tente de faire une percée avec un rôle dans le film le "Battement d'ailes du papillon". Il reçoit de nombreux scénarios mais reste vigilent quant à l'image qu'il veut donner. En attendant le grand rôle, Faudel s'occupe de son nouvel album.

Fort et fier des 350.000 exemplaires vendus de "Baïda", le jeune chanteur revient en février 2001 avec "Samra", opus réalisé et arrangé par Nabil Khalidi (collaborateur de Rachid Taha) et Goh Hotoda (remixeur très connu), produit par Mohamed Mestar qui suit le chanteur depuis 1993. La base musicale des morceaux reste le raï même si certains d'entre eux tendent plus vers la pop arabisante aux rythmiques synthétiques. On trouve aussi une incursion dans le domaine de la musique latino avec "Salsa raï" chanté en compagnie de Yuri Buenaventura. La majorité des textes sont évidemment inspirés par le grand thème de l'amour mais l'un d'entre eux fait référence à la cité où il a grandi et qui reste son "port d'attache", "Mantes la jolie". Dans la foulée, il assure la promotion de cet album et la tournée.

Faudel continue sa carrière de comédien et tourne dans une série intitulée Sami dans lequel il campe un étudiant tunisien qui devient surveillant dans un lycée.

En février 2002, la compagne du chanteur donne naissance à un petit garçon prénommé Enzy. Le début de l'année suivante est consacrée à l'écriture et l'enregistrement d'un nouvel album.

Le 2 septembre sort "Un autre soleil". Plus mature et professionnel qu'à ses débuts, le jeune homme sait dorénavant ce qu'il veut. Même s'il est obligé de composer avec sa maison de disques qui voudrait un album chanté uniquement en arabe, Faudel arrive à imposer ses chansons en français. Avec l'aide de l'auteur Patrick Dupond venu de la sphère Pagny, il propose des morceaux très personnels comme "Petit être" en référence à son fils qui vient de naître. Par ailleurs, c'est Marion Michau qui signe le titre "Je veux vivre" premier simple en écoute sur les ondes. Des groupes comme Zebda, les Négresses Vertes ou Zen Zila viennent aussi prêtés main forte sur ce disque. Cet album aux sonorités méditerranéennes devrait permettre à Faudel de satisfaire un public plus large que le public communautaire qu'il avait d'abord séduit.

2006 : "Mundial corrida"



"Mundial Corrida" est le quatrième album du chanteur. Il sort en septembre 2006. Dans cet opus, réalisé par Fred Chateau et Volodia, Faudel affirme son identité à la fois française et algérienne, comme dans "Mon pays", le premier extrait diffusé en radio. Sur certains titres, on note la collaboration de Pascal Obispo.

*

Dès ses jeunes débuts, Faudel passe pour être la révélation de la nouvelle génération d'artistes raï et symbolise la soif et l'urgence de reconnaissance de cette jeunesse issue de l'immigration maghrébine en France.

Septembre 2006




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