Algérie

Faubourg Thiers



Douze familles expulsées Douze familles démunies, occupant depuis 1963 un site appartenant à l?OPGI, au quartier Faubourg Thiers, à la sortie ouest de la ville de Sidi Bel Abbès, ont été expulsées de force, dimanche en fin d?après-midi. Les familles concernées avaient été sommées, quelques jours auparavant, de quitter les lieux. Un huissier de justice, accompagné d?une centaine de policiers, s?est pointé à 8 h pour faire exécuter un arrêté d?expulsion délivré par le tribunal de la ville. Pour contraindre les familles à évacuer leurs domiciles, les forces de l?ordre ont menacé d?embarquer les chefs de famille, la plupart sans emploi. « Vous avez deux choix : ou bien vous sortez en emportant vos effets personnels, sinon vous allez être arrêtés et présentés devant la parquet pour entrave à la justice », devait avertir le commissaire de la PJ à l?adresse d?un père de famille qui, les yeux cernés, ne savait plus quoi répondre. Cris et scènes d?hystérie collective, provoqués par l?arrivée de policiers en tenue de combat. « Quelle justice ! On veut rencontrer le maire et le wali pour qu?ils nous trouvent une solution. Ne sommes nous pas des citoyens algériens ? », fuse alors une voix de l?une des pièces mal éclairée qu?occupe les Boulom. Depuis dimanche, aucun responsable, ni élu, n?a daigné effectuer le déplacement pour écouter les doléances des familles plongées dans le désarroi. Nulle part où aller Les cinq frères Boulom habitent dans une promiscuité, dans ce site insalubre, depuis plus de quarante ans. Un site dont une partie a été affectée à l?ex-société publique Sogedia au milieu des années 70. Après la dissolution de cette dernière, deux familles seulement ont été régularisées et ont pu obtenir un titre de propriété, apprend-on. Au cours des trois dernières années, cinq tentatives de déloger la cinquantaine de personnes qui y vivent ont échouées, précisent des habitants du quartier. « Nous n?avons nulle part où aller. On nous a refusé des logements sociaux. Ou vais-je aller avec mes trois enfants ? », affirme une jeune mère en pleurs. « Nous occupons ce site, entièrement délabré, depuis 1963 et cela fait plus de 20 ans qu?on tente de nous chasser d?ici parce qu?un haut gradé de la gendarmerie nationale a réussi à s?octroyer, à lui seul, toute cette bâtisse », témoigne Ahmed, en instance d?expulsion. Selon les dires de nombreux témoins, un officier de la gendarmerie aurait acquis ce site de plus de 600 mètres carrés en 1986, alors que la loi ouvre droit en matière de cession de bien de l?Etat à ceux qui occupaient déjà les lieux, croit savoir notre interlocuteur. « Nous avons entamé des procédures légales auprès de l?OPGI pour bénéficier d?une location, en vain. On a rejeté nos dossiers et octroyé la bâtisse à une seule personne. Des dizaines de requêtes adressées aux plus hautes autorités de l?Etat sont restées sans suite », ajoute-t-il. Il affirme également qu?au niveau des services de la wilaya (Domaines et OPGI), les documents portant sur la cession de la bâtisse sont établis au nom de la mère (aujourd?hui décédée) de l?acquéreur. Les douze familles expulsées, qui n?ont toujours pas trouvé d?endroits pour se loger, occupent la rue pour la quatrième journée consécutive, avec meubles, linges, ustensiles de cuisine et enfants en bas âge. « Allah ghaleb, cette nuit encore, on va la passer dehors », nous signalait hier l?aîné des Boulom.


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