Kouba, une commune de la wilaya d'Alger et lieu de rencontre d'une bande de copains passionnés de bolides et de vitesse. Il est 22h passées en ce jeudi, et la nuit risque d'être «super» longue. Abdou, Ayoub, Mahfoud, Sid Ahmed sont des amis d'enfance et dont le seul souci est de faire de la vitesse, de prendre des risques et de ressentir les sensations fortes sur les autoroutes d'Algérie.Ces jeunes ont des bolides et ont réussi, avec l'aide de leurs amis, ici et à l'étranger, à apporter quelques modifications sur leurs véhicules, histoire d'augmenter la puissance du moteur afin de le pousser au maximum. Ces jeunes-là sont conscients des dangers qu'ils courent et qu'ils font courir aux autres usagers de la route en faisant de la vitesse, mais le désir et la tentation sont plus forts, même si c'est leur vie et celle des autres qui est en jeu. Pour eux, la passion de l'automobile est importante et plus forte.Leurs discussions sont spécifiques au domaine et tournent autour du moteur, des courses professionnelles, et bien sûr du «tuning», version Monster Garage. Il 23h passées de quelques minutes. Nous sommes invités à prendre la route avec eux. Est-ce de la folie ou du bon sens ' Nous nous embarquons «à nos risques et périls» avec Sid Ahmed à bord d'une Audi RS4 à destination d'El Beldj, une petite localité située dans la wilaya de Tipasa, connue pour ses plages.Arrivés au niveau de la rocade de Ben Aknoun, la vitesse grimpe tout à coup. Le fameux S des deux bassins nous fait face. Nous le prenons à vive allure alors qu'il est réputé pour être un endroit où les accidents de la circulation sont fréquents. D'ailleurs, plusieurs jeunes ont laissé leur vie à cet endroit. «La bonne trajectoire est de la prendre serré à droite, puis ouvrir à gauche pour éviter le dérapage et bien entendu l'accident», nous dit Sid Ahmed. «A cette vitesse, aucune erreur n'est permise», ajoute-t-il les yeux fixés sur la route. Derrière notre véhicule, ce sont pas moins de cinq véhicules qui forment un cortège.Des voitures, bien entendu, «survitaminées» et qui nous talonnent sans nous laisser la moindre chance de «prendre le large». Les jeunes «pilotes» commencent alors à slalomer entre les véhicules des autres usagers de l'autoroute. Pour eux, c'est un récital, un sport de tout les jours, mais pour le commun des mortels, le simple conducteur, père de famille, c'est du suicide. A une vitesse de plus de 225 km/h, nous voyons les lignes discontinues au milieu de l'autoroute «filer» à vive allure. Arrivés sur la nouvelle rocade qui mène de Bou Ismaïl vers Tipasa, c'est toute cette caravane qui se retrouve seule face à une longue ligne droite de plusieurs kilomètres.Tout à coup et à ma grande stupéfaction, la vitesse du bolide de mon ami diminue pour atteindre les 50 km/h. Mon soulagement n'a été que de courte durée dès lors que trois véhicules se sont alignés sur la route, comme pour donner le top départ d'une course? oui une course sur une autoroute? de quoi vous donner le tournis. Et c'est à une distance de 400 m environ que les propulseurs se mettent à rugir et que les trois bolides sont poussés à leur extrême.«Cela nous fait plaisir de faire de la vitesse. Nous ne voulons pas mettre la vie des gens en danger. C'est pour cette raison que nous choisissons des horaires tardifs pour donner le top départ. Si nous avions un circuit homologué et sécurisé dans notre pays, soyez sûr que nous n'oserions jamais faire cela sur les routes.»Les 68 kilomètres jusqu'à El Beldj ont été extrêmement rapides. Allongé sur le bord de la mer, le groupe discute des bolides tout en admirant les vagues. «Rien n'est plus beau que d'admirer une belle mécanique, de bricoler sur sa propre voiture et d'apprendre le plus possible sur ce domaine qui évolue continuellement», semblent répondre presque en ch?ur ces mordus du volant. Quant aux risques qu'ils courent en faisant de la vitesse, les jeunes que nous avons côtoyés l'espace d'une nuit reconnaissent que le danger existe. «Nous savons que le risque est omniprésent.A vive allure, le moindre petit caillou peut projeter la voiture vers le précipice. Je ne connais rien en mécanique, mais le plaisir que la vitesse me procure est incomparable», répond Abdou. Le plus silencieux de la troupe, Ramzi, trouve que mettre la vie des gens en danger sur l'autoroute «ne nous amuse pas.» «Les risques de collision sont présents. Nous ne voulons ni nous tuer ni causer le décès aux autres. Les policiers passent leur temps à nous harceler, à installer des radars un peu partout sur les routes ; cela ne nous fait pas peur. Au contraire, c'est de l'adrénaline pour nous.»Ce jeune homme un peu timide trouve que la solution réside dans la construction d'un circuit sécurisé où la vitesse est reine. «Nous avons des machines qui développent jusqu'à 400 chevaux et le meilleur endroit pour exploiter cette puissance est un circuit homologué, sécurisé avec des véhicules équipés d'arceaux de sécurité.» Des Abdou, des Ayoub, Mahfoud, Sid Ahmed, on en trouve énormément au niveau de la capitale et dans plusieurs grandes villes du pays.Des passionnés des grosses cylindrées et qui ne cherchent qu'à se faire plaisir au volant d'un bolide «survitaminé». «Nous nous regroupions chaque jeudi soir à Sidi Yahia pour frimer et pratiquer notre passion. Mais depuis que des travaux ont étés lancés dans cet endroit, nous avons jugé utile de changer de lieu.» Absence de loisirs dans un pays de plus de 2 millions de km² et près de 40 millions d'habitants, ces jeunes ne souhaitent, en fin de compte, que pratiquer leur «hobby» en toute sécurité et en respectant les lois de la République. «Causer des problèmes ne nous intéresse pas. Etre responsable de pertes humaines ne nous amuse guère.Pratiquer notre sport dans un circuit avec toutes les normes de sécurité serait la meilleure des solutions pour plus de sécurité sur nos routes. Notre pays possède les ressources financières pour lancer de tels projets dans chaque wilaya. Nous pensons que, de cette manière, un nombre important d'accidents sera évité», conclut Lyes. A bon entendeur !
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Posté Le : 12/08/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Rachid Larbi
Source : www.elwatan.com