Algérie

FAROUK KSENTINI, PRESIDENT DE LA CNCPPDH :



Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme parle «de justice fast-food» dont il faut, dira-t-il, «se débarrasser et au plus vite pour en finir avec la politique des chiffres».
M. Kebci - Alger (Le Soir) - A la base de son cinglant diagnostic, Me Farouk Ksentini, qui était, hier matin, l'invité de la rédaction de la Chaîne III de la Radio nationale, fait référence au phénomène de l'expédition des affaires. Et de citer en exemple le nombre de trois à quatre affaires, de surcroît criminelles, traitées en une journée. «Un non-sens» pour l'orateur pour qui une telle affaire nécessite jusqu'à deux jours comme, d'ailleurs, revendiqué par des avocats en France qui ont déclenché, pour ce faire, une grève. Loin d'incriminer les magistrats, Me Ksentini dira ne jeter la pierre à personne, plaidant pour la refonte pure et simple de la politique pénale». Le président de la CNCPPDH dénoncera, une fois de plus, le recours excessif à la détention préventive qui tend à se prolonger indéfiniment. «C'est une aberration. C'est l'exception qui devient une règle immorale et illégale», regrettera-t-il, estimant que «les personnes non définitivement jugées et donc non condamnées représentent jusqu'à 20%, voire 30% de la population carcérale » au moment où la tutelle l'estime à seulement 10%. Mais le plus grave pour lui est le fait que la liberté provisoire ne soit accordée que dans un cas sur dix, ce qui est «contraire à la présomption d'innocence». Par ailleurs, Me Ksentini plaidera pour la prise en charge des «oubliés de la réconciliation nationale», les déportés du Sud en l'occurrence, au lendemain du balancement du pays dans la tragédie nationale. Estimant leur nombre à 18 000, il se dira favorable à un «geste» à leur endroit, «une indemnisation même symbolique», en réparation «des préjudices moraux et matériels qu'ils ont subis sans avoir été jugés». Il se fera également le défenseur acharné des enfants nés dans les maquis terroristes au profit desquels il dira lutter pour «des dispositions légales à même de leur permettre de retrouver leur entière citoyenneté en sus d'une prise en charge matérielle». Au sujet des disparus, Me Ksentini dira que le dossier n'a pas été totalement clôturé en raison, estimera-t-il, de l'entêtement d'un «noyau minuscule de familles qui refusent l'indemnisation ». Un noyau représentant 5% de l'ensemble des disparus estimés à 6 146 dont les familles ont saisi la CNCPPDH — la Gendarmerie nationale parle de 7 200 cas —, dont le président de la CNCPPDH avouera «ne pas saisir la revendication justice et vérité». «Comment traduire les hauts responsables en poste à l'époque ' Comment organiser 7 200 procès '», s'interrogera Me Ksentini qui, dans le souci d'élargir la charte pour la paix et la réconciliation nationale, durant cette tragédie, se dira favorable à une réparation, même symbolique, pour ceux qui ont eu à perdre, qui une usine, qui un atelier, qui un autre bien.




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