Farouk Ksentini, président de la Commission nationale
consultative pour la promotion et la défense des droits de l'homme (CNCPPDH), a
souligné, jeudi, que les déportés vers le sud du pays, dans les années 90 et
après l'arrêt du processus électoral, doivent être indemnisés par l'Etat.
Farouk Ksentini a précisé à la radio nationale
que, dans ses propositions soumises à la Commission consultative sur les réformes, «les
déportés dans le Sud sont nos concitoyens qui ont subi des préjudices», a-t-il
dit. Il a précisé que «certains ont perdu leur santé, il faut qu'ils soient
indemnisés, réhabilités moralement», avant de réclamer que «l'Etat doit réparer
l'erreur qu'il a commise à l'égard de cette catégorie de personnes». Sur leur
nombre, M. Ksentini a souligné qu'ils seraient, selon
leurs représentants avec lesquels il est en contact, près de 15.000. Leur
nombre «n'est pas un problème. Le problème est de réparer le préjudice. Leurs
noms et identités sont entre les mains de l'administration», a-t-il encore
précisé.
A la commission consultative sur les réformes, mise en place par le
président de la République, M. Ksentini a également
soumis plusieurs propositions, notamment en matière de droits de l'homme. «L'Algérie,
depuis la dernière décennie, a marqué des points en matière de progrès des
droits de l'homme», a-t-il relevé, avant d'ajouter qu'il existe quand même «un
déficit en matière de droits de l'homme qu'il faut rattraper», même si, reconnaît-il,
«en matière de droits de l'homme, le travail ne se termine jamais, il y a un
travail incessant à faire. Le moindre incident peut remettre en cause le
travail de plusieurs années. Le chantier est encore ouvert.»
Quant à la sévérité de l'opinion qu'ont les instances internationales sur
les droits de l'homme en Algérie, il a estimé que «les étrangers attendaient
beaucoup de l'Algérie. Leur sévérité sur l'Algérie est injustifiée: cela est dû
à des informations incorrectes parvenues (à ces institutions).» Pour en finir
avec cette approche, il a préconisé qu'il faut ouvrir notre pays à ces
institutions. «L'Algérie a fait des avancées considérables, nous avons les
moyens de faire en sorte que ce pays soit un Etat de droit. Nous sommes
capables de le faire», a-t-il indiqué. Quant à la position du département
d'Etat américain sur les libertés publiques en Algérie, il répondra simplement
qu «il n'était pas suffisamment informé sur l'état des libertés publiques (en
Algérie, ndlr). Les choses s'améliorent, mais cela
malheureusement n'a pas été relevé».
Par contre, M. Farouk Ksentini, qui exerce au
barreau de Blida, a tiré à boulets rouges sur la justice. Catégorique, il
affirme «qu'elle a besoin d'être revue».
Les réformes qui ont été faites au niveau de ce secteur «sont totalement
inefficaces», lâche-t-il, avant d'accuser que «sur le rapport Issad, rien n'a
été retenu». Pis, «au lieu de progresser, la justice a régressé. Il est
inconcevable que la justice qui était rendue dans les années 60 soit de meilleure
qualité que celle qui est rendue actuellement», a t-il encore déploré. «Le
justiciable algérien a droit à une justice de meilleure qualité», a-t-il
soutenu, précisant encore qu «il y a la nécessité de l'indépendance des
magistrats, car un magistrat écrasé par sa hiérarchie ne peut faire un travail
correct. Elle est essentielle pour le bon fonctionnement de la justice».
Dans le même sillage, il estimera, quant à la décision du président de la
République de dépénaliser le délit de presse, que «tant que je n'ai pas vu le
texte, je ne peux parler avec exactitude». «La décision du Président est
parfaitement juste. Il est ahurissant qu'en 2011 ou 2010, un journaliste puisse
risquer la prison pour avoir écrit telle ou telle autre chose.
Cela doit être banni: il ne doit obéir qu'à sa conscience et à son code
de déontologie, et interdire l'injure ou la diffamation». Même réponse de
maître Farouk Ksentini sur la dépénalisation de
l'acte de gestion: il fait attendre de voire la mouture du texte.
Donner l'agrément aux partis
«On a peur que le texte ne vide cet intitulé, car on a été échaudé par le
passé et souvent déçu», ajoute-t-il. Par ailleurs, il a estimé, concernant la
gestion du dossier des partis politiques qui attendent depuis des années leur
agrément, que celui-ci «ne doit faire l'objet d'aucun obstacle, d'aucune
restriction». «Il est absolument ahurissant que des demandes traînent depuis
des années sans qu'il y soit apporté une réponse positive», estime M. Ksentini, qui affirme que «ceci est contraire à la Constitution, à la
démocratie. Ceci doit être effacé et ne doit plus être pratiqué. Il faut être
intransigeant là dessus».
Pour autant, il estime que le refus de certains partis de participer à la
démarche préconisée par le Président à travers des consultations politiques sur
les réformes est une «approche antidémocratique. Il ne faut pas diaboliser le
pouvoir, il faut l'encourager et non le boycotter. Le refus de certains partis
de participer à (cette) démarche préconisée par le président de la République
«est antidémocratique», selon lui.
Quant à ses propositions, du moins celles de l'instance qu'il préside, sur
la révision de la
Constitution, M. Ksentini a suggéré qu'il faut sauvegarder les constantes nationales
fondamentales. «Elles sont intouchables, elles ne peuvent faire l'objet d'un
quelconque débat». En second lieu, «ce qui peut être réformé, en tous les cas
amélioré, c'est l'art.70 de la
Constitution (le président de la République est garant de la Constitution).
Je voudrais ajouter que l'Armée
populaire nationale soit déclarée la gardienne de la Constitution», a t-il
enfin souligné.
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Posté Le : 28/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com