Algérie

Farouk Ksentini à propos des droits sociaux «Il y a urgence»



Invité hier de la Chaîne 3 de la radio nationale à la veille de la présentation du rapport annuel sur la situation des droits de l'homme en Algérie, Maître Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (CNCPPDH), préférant dire que les droits de l'homme « vont mieux », sans aller jusqu'à affirmer qu'ils « vont bien », investira plutôt la situation des droits sociaux du citoyen algérien pour tirer la sonnette d'alarme. « Les droits sociaux vont mal, très mal », insistera en ce sens Me Ksentini. Et d'évoquer le droit du citoyen au logement, au travail, à la santé, à la scolarisation dans un véritable réquisitoire, convoquant, pour plus d'effet, la cherté de la vie qui vient, selon lui, compliquer une situation sociale déjà en détresse. Le président de la CNCPPDH expliquera cette cherté de la vie et la dégradation du pouvoir d'achat des citoyens par le fait que l'Algérie vend en dollar et achète en euro. Une hausse significative des salaires reste pour Me Ksentini une des solutions à apporter aux difficultés financières que vit actuellement le citoyen face à la hausse des prix des produits de consommation. L'intervention hier de Farouk Ksentini à la Chaîne 3 c'est inscrite résolument dans le sillage de ses dernières sorties médiatiques consacrées au rapport annuel de la situation des droits de l'homme en Algérie. Un rapport qui s'appesantit sur le volet des droits sociaux et prévient les pouvoirs publics contre une éventuelle explosion sociale et ses retombées sur la situation globale du pays. « Il y a urgence », devait-il souligner, précisant toutefois qu'il n'avait l'intention de jeter la pierre à qui que ce soit. Relancé sur la situation des droits de l'homme, l'invité de la Chaîne 3 déclarait: « Je ne dis pas que les droits de l'homme vont bien, mais qu'ils vont mieux ». Il s'explique, faisant référence au retour de la paix civile dans le pays, que c'est un des droits fondamentaux que le citoyen algérien a acquis. Dans cette même veine, il évoquera également la reforme de la justice comme un point positif dans l'amélioration de la situation des droits de l'homme, même s'il soutient que cette réforme avait accusé beaucoup de retard dans sa concrétisation. Sur ce volet, il insiste surtout sur l'abrogation de l'article 119 qui traduit un saut qualitatif, en rappelant que la notion du crime économique avait jeté injustement en prison de nombreux cadres de la nation. Dans un entretien qu'il avait déjà accordé au Quotidien d'Oran, Me Ksentini avait estimé, rappelons-le, « que la réforme de la justice aidant, les droits de l'homme sont aujourd'hui satisfaisants et des problèmes de fond ont été traités ». Il ajoutait que « l'Algérie s'est débarrassée en 2006 de la notion de crime économique par l'abrogation de l'article 119 du code pénal qui prévoyait la réclusion criminelle à partir d'un certain montant détourné. Il a été remplacé par la dilapidation des deniers publics, un délit réprimé par un emprisonnement maximum de 10 ans et non par la réclusion criminelle ». Au sujet des prisons en Algérie, Me Ksentini parlera des fréquentes visites de la commission qu'il préside dans les lieux carcéraux et dira que, globalement, les conditions de séjour des prisonniers se sont nettement améliorées. L'invité de la Chaîne 3, interpellé sur l'évocation par certaines organisations non gouvernementales de camps d'internement appartenant à la police et à la gendarmerie, dira tout de go que ces ONG ont été mal informées sur ce sujet. Bien mieux, il dira que ces ONG ont été manipulées. « J'ai à ce propos opposé un démenti et ces ONG n'ont pas fait de démenti à mon démenti », dira-t-il. Abordant la question du terrorisme, le président de la CNCPPDH qualifiera celui-ci de « deuxième génération », ou encore de deuxième degré. L'orateur explique en ce sens que les terroristes sont passés à une étape où ils ont renoncé aux moyens archaïques pour utiliser des moyens plus sophistiqués: et de citer l'explosion des véhicules par télécommande ou encore les bombes humaines. « Ce sont des moyens nouveaux auxquels l'Etat doit opposer d'autres moyens plus adaptés que ceux qui avaient été utilisés jusque-là ». Autrement dit, pour Me Ksentini, il faut que l'Etat s'adapte à cette nouvelle forme de terrorisme qui a désormais de nouveaux commanditaires. Il pointera alors le doigt vers l'organisation internationale terroriste Al-Qaïda de Ben Laden qui, selon lui, a trouvé un terrain favorable en Algérie. Terrain favorable qu'il explique par l'existence d'anciens réseaux terroristes qui n'avaient pas été démantelés par les services de sécurité, mais également par la lassitude qui a fini, au bout de quinze ans de lutte antiterroriste, par toucher les services de sécurité. Pour autant, l'orateur estime que le terrorisme sera vaincu en Algérie et ailleurs, d'autant mieux, affirmera-t-il, que les services de sécurité sont en train de s'adapter à cette nouvelle forme de terrorisme et les résultats de ces efforts ne sauraient tarder, devait-il souligner. Non sans insister pour dire que l'Algérie, dans son combat contre ce phénomène, doit faire appel à l'aide internationale.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)