Algérie

Farouk Ksentini


Farouk Ksentini
Maître Farouk Ksentini, invité hier, on ne sait plus combien de fois, de la rédaction de la Chaîne 3, tout en plaidant la cause des pouvoirs publics sur des questions fondamentales tels les droits de l'Homme ou les progrès substantiels dans l'application d'autres textes législatifs, a, sans le vouloir peut-être, émis des doutes sur l'indépendance de la justice.Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) s'est d'abord voulu rassurant quant à la consécration par des faits de la batterie de textes renforçant les droits de l'Homme chez nous. «Cela demande un certain temps pour la maturation», a-t-il expliqué tout en appelant à ce que l'application de ces textes soit «loyale et non dévoyée». Une petite réserve qui trouve son origine du fait que «depuis 1962, de très bons textes ont été adoptés dans notre pays, malheureusement, ils ont été appliqués d'une manière dévoyée, incorrecte, à telle enseigne que les choses ont été dénaturées au détriment des libertés, d'une justice indépendante, au détriment de la sécurité des citoyens».La panacée dans la promotion des droits de l'Homme, c'est évidemment l'indépendance de la justice, a longuement argué Farouk Ksentini. C'est la solution incontournable, en dehors de laquelle rien ne pourra être obtenu. Il va falloir absolument revenir au principe constitutionnel selon lequel «le juge ne doit obéir qu'à la loi et à sa conscience» s'est-il laissé dire. Voulait-il laisser entendre que, jusque-là , le juge n'a pas obéi à la loi et à sa conscience ' On ne le saura malheureusement pas. En tous cas, une fois le principe de l'indépendance appliqué, nous sauverons la démocratie et la société, promet le président de la CNCPPDH. Il faut absolument une justice indépendante, «quel qu'en soit le prix» et pour ce faire, conseille Maître Ksentini, il va falloir que chacun, au niveau de l'institution judiciaire, prenne ses responsabilités et se dise qu'un magistrat n'est pas un fonctionnaire, pas un domestique. «Un magistrat, c'est quelqu'un dont le statut est particulier, dont le rôle est essentiel, celui d'appliquer la loi, de protéger les citoyens dans leur liberté et dans leur patrimoine. Il faut absolument que les magistrats soient à la hauteur sur le plan professionnel et sur le plan moral», revendique le garant de la protection des droits de l'Homme en Algérie qui n'a pas été par trente-six chemins pour expliquer ce qu'il a appelé «les insuffisances criantes» sur cette question de l'indépendance de la justice.La faute à qui alors ' Il ne citera ni les interférences politiques ni une autre raison, tout est mis sur le dos de l'école. «Pour rendre une justice de qualité, il faut une formation de qualité.On ne devient pas magistrat en ayant fait des études approximatives. La formation des juges a beaucoup pâti du niveau de l'école algérienne», a argumenté l'invité de la Chaîne 3. Sur un autre plan, en rapport direct avec l'actualité, par exemple le rapport annuel du Département d'Etat américain, rendu public mercredi dernier, qui remet en cause les droits de l'Homme, la liberté d'expression, ou encore la lutte contre la corruption en Algérie, Farouk Ksentini aura une réponse pour le moins sibylline puisque tout en trouvant ce rapport «extrêmement sévère», il préfère plutôt «le prendre tel quel parce que nous n'avons pas la même vision des choses que les Américains».


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)