Algérie - Revue de Presse

Farid Mansouri : un zéphyr vous emporte



La poésie de Farid Mansouri me concerne, elle me regarde. Elle me parle de la cigarette qui est dans mon paquet, du verre d?eau qui est devant moi en ce moment, du savon avec lequel je me lavais ce matin , de la serviette éponge que j?utilisais sur la plage hier, de la pluie qui tombait l?autre soir : « Suave l?heure glisse avec la riche sorte des parfums que l?arrière en nous a ravivés : On renaît, on revit, on ressent ! Acretés, inassouvissements : un Zéphyr vous emporte... Au bord d?une mer claire, comme un miroir de ciel Merveilleux reflétant l?effluve, fiel ou miel, Songeant à l?atavique ardeur de mort qui prime » Il y a dans les poèmes de Farid Mansouri un regret. Mais aussi l?expression d?un désir, secrètement désespéré, de rendre les choses toujours plus simples, toujours plus nues. Et sans doute le poète doit-il cela d?abord à son éducation (son père était chanteur) : « Mon âme en elle a tant de baumes du sublime ! Elle est si fine et sait si bien de cet impur esprit, de ce c?ur las, comprendre tout l?obscur. Inavoué, toujours forte et sérénissime ! Mon âme adore tant oublier grâce à eux. Le mirage où chacun a vu son rêve creux, Que sans doute, elle n?a pas de mérite à faire ce quelle sait si bien : fortifier mon c?ur et mon esprit usés au fil de l?heure amère. ? Mon âme m?est la cure où guérit ma ferveur. » En lisant son dernier recueil Silence ! on s?aperçoit qu?il y a bien là la véritable démarche poétique de Farid Mansouri, historiquement situable, qui est résistance à la profilération du verbe, recours aux disciplines du concret et du silence Ce dernier recueil révèle un peintre des « natures mortes » plutôt que des « natures vivantes » : « Les parfums se sont répandus Et sont morts et c?est mon automne ! Les sveltes lys ? je ne sais plus Les marier aux anémones. Mon calvaire gravi, j?ai vu Un doux lointain où ma couronne D?épines n?est plus qu?un menu Souvenir digne de « son silence ». Mais le sens du « silence » ne saurait exclure la lucidité et comme une certaine volonté de « contrôler » le réel. Une certaine façon de recenser avec exactitude, de comptabiliser avec une précision ponctuelle, le matériau poétique. Cela n?est peut-être pas, sans lien avec la vie « du poète qui a toujours dit ce qu?il pensait » : « Au soir lorsque la nuit voulant le deuil des morts Silencieusement sur tout glisse ses voiles Noirs, le ciel de l?antan se brodant des étoiles Du souvenir, cruel historien qui dort. » Mais cela n?est pas sans lien, non plus avec sa vision du monde. Car cet homme de la parole est aussi, un homme de l?engagement résolu dans l?action et dans l?histoire.(2) 1) Poète francophone marocain. Il a à son actif 4 recueils (Amours perdues, Pourquoi ? Silences, Retour à Agadir) 2) Il a toujours milité pour l?Union maghrébine.


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