Le psychiatre et écrivain a été agréablement surpris de l'accueil qui a été réservé à lui ainsi qu'à son dernier livre «Parole de psychiatre», publié par les éditions Koukou d'Alger. Il faut préciser que Farid Kacha ne s'est pas limité à dédicacer son ouvrage, mais il a également animé une conférence au grand bonheur de ses lecteurs qui l'ont attendu avec impatience car Farid Kacha est l'un des tout premiers psychiatres de l'Algérie indépendante. Il est de ce fait l'un des témoins privilégiés et oculaires, mais surtout un artisan, du lancement de la psychiatrie en Algérie. Il a été également témoin de nombreux événements historiques postindépendance et dont certains sont développés dans son dernier livre très autobiographique. Lors de son intervention, jeudi dernier, à la librairie Cheikh-multi-livres, Farid Kacha est revenu sur les conditions dans lesquelles est née l'idée d'écrire ce livre en rappelant que les premières lignes avaient été rédigées au tout début du confinement.L'orateur a rappelé que dans ce livre, il a tenté de raconter en les survolant, les 55 ans d'exercice du métier de psychiatre.
La parole est sa puissance
Concernant le titre de cet ouvrage, l'orateur a souligné que la parole est quelque chose de très puissant.
Dans le même sillage, Farid Kacha a rappelé que dans certains cas, la parole est sacralisée comme c'est le cas de la parole religieuse. Aussi, a ajouté Kacha, la parole permet de calmer quelqu'un qui est énervé, de conforter quelqu'un qui est inquiet, elle permet tout simplement d'aider quelqu'un qui vous sollicite.
«La parole est d'une très grande puissance», a insisté Farid Kacha qui ajoute donc que c'est grâce à la parole que le métier de psychiatre peut s'exercer.
«La psychiatrie est un métier basé essentiellement sur l'écoute», a expliqué Farid Kacha. Ce dernier a ajouté, qu'en psychiatrie et contrairement à toutes les autres spécialités médicales, il n'y a pas l'examen.
«En psychiatrie, c'est la parole qui va exprimer ce qu'il y a dans le cerveau», a indiqué Farid Kacha. Et s'il n'y avait pas la parole, ce métier n'aurait même pas existé, a ironisé Farid Kacha.
L'orateur a expliqué en outre que dans ce livre, il voulait revenir sur certains patients qui l'ont particulièrement marqué parce qu'ils ont une histoire particulière et qu'ils ont traversé des périodes complexes dans leur vie ou ils ont été confrontés à des situations exceptionnelles: j'ai rapporté dans ce livre une vingtaine d'histoires.
Farid Kacha a alors résumé quelques-unes des histoires vraies vécues par ses patients et racontées dans son livre avec plus de détail.
Des récits qui ont ému les personnes présentes, surtout celles qui n'ont pas encore lu ce nouveau livre. Farid Kacha a expliqué la complexité du métier de psychiatre pour une multitude de raisons.
Un débat riche et éclairé
Chaque patient est un cas à part à prendre en charge avec de nouvelles données et de nouvelles méthodes, selon ses propres spécificités.
L'orateur a également abordé la question des croyances populaires qui poussent, dans le monde entier, des personnes souffrant psychologiquement à aller demander secours à des charlatans qui n'ont absolument aucune notion de la médecine. Farid Kacha a affirmé qu'il a été de tout temps curieux de découvrir ce qui se cache derrière ce phénomène et ces croyances. Répondant aux questions des présents, le professeur Kacha a réfuté l'idée selon laquelle la Kabylie détiendrait le record en Algérie concernant le nombre de suicides.
L'orateur a affirmé qu'il n'y a absolument pas plus de suicides en Kabylie qu'ailleurs. Il a indiqué qu'en moyenne, en Algérie, il y a 3 à 4 suicides par 100 000 habitants et la Kabylie est une région à forte densité populaire.
Au Japon, il y a en moyenne 19 suicides par 100 000 habitants, c'est-à-dire 4 à 5 fois plus que chez nous, a ajouté Kacha qui révèle qu'en France, il y a 16 suicides par 100 000 habitants. Farid Kacha a indiqué que le suicide est un phénomène très complexe et on ne peut pas le réduire à une seule cause. Même l'idée reçue selon laquelle ce sont les gens malheureux qui se suicident, est fausse, ce n'est pas vrai, a ajouté Kacha en expliquant que «les gens malheureux ont envie de vivre».
«Ils font tout pour survivre, ils ne lâchent pas. Ceux qui ont de l'argent ne sont plus accrochés à la vie car ils ont tout, ils n'ont plus de désirs. On leur donne avant qu'ils ne désirent», a étayé le conférencier. Lors de cette rencontre, le débat a été très riche.
Les échanges ont été fructueux et la grande expérience de Farid Kacha a permis d'éclairer de fort belle manière les lanternes de tous les présents. Mais la lecture du livre «Parole de psychiatre» reste la mieux indiquée pour aller plus loin avec le professeur Farid Kacha.
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Posté Le : 27/11/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Aomar MOHELLEBI
Source : www.lexpressiondz.com