Algérie

Farid Bourenani critique «une spécificité algérienne» qui bloque le financement des investissements à l'étranger



Farid Bourenani critique «une spécificité algérienne» qui bloque le financement des investissements à l'étranger
L'expert financier algérien Farid Bourenani ne veut pas qu'on le considère exclusivement comme le conseiller du groupe privé algérien Cevital. Il revendique aussi une longue expérience du secteur, qui lui permet d'avoir une opinion tranchée sur les questions de politique monétaire.Au cours de la période la plus récente, une position privilégiée de négociateur auprès du patron de Cevital, M. Issad Rebrab, dans les transactions qui ont conduit successivement à l'acquisition des entreprises Oxxo et Fagor Brandt, ont renforcé la conviction de Farid Bourenani que le dispositif réglementaire actuel en matière d'exportations de capitaux, constitue un frein puissant, non seulement pour l'expansion à l'international des entreprises algériennes les plus dynamiques, mais également pour la nécessaire diversification de l'économie algérienne dans son ensemble. Sur ce chapitre sensible, à propos duquel les autorités financières algériennes continuent de manifester une très grande rigidité, Farid Bourenani considère qu'il faut d'abord, par principe, « s'interdire d'interdire ». « Lorsqu'on dit, comme le soutient la Banque d'Algérie, que l'exportation des capitaux pour des besoins d'investissement à l'étranger est possible mais qu'il n'y a jamais eu de dossier agréé, cela veut dire que dans les faits ça n'est pas possible » a-t-il déclaré à l'émission « invité du direct » de Radio M, la web radio de Maghreb Emergent.Pour une éligibilité sélectiveL'expert algérien ne s'arrête pas à ce constat, et formule un certain nombre de propositions qui auront certainement le mérite de faire avancer le débat. Tout en pointant une « spécificité algérienne, alors que tous nos voisins maghrébins peuvent investir à l'étranger », Bourenani est loin de réclamer une libéralisation tous azimuts du dispositif existant. Il avance plutôt l'idée d'une éligibilité sélective, s'agissant d'activités « qui ne sont pas opaques et dont les objectifs et les moyens sont parfaitement susceptibles d'être explicités et exposés ». « C'est un petit morceau de l'investissement qui est réalisé à l'étranger et un gros morceau en Algérie, » affirme Farid Bourenani, au sujet des acquisitions réalisées récemment en France par le groupe Cevital et qui vont créer au total plus de 10 000 emplois en Algérie dans les usines de Bordj Bou Arreridj et de Sétif.Pourquoi ne pas examiner la manière de « soutenir la partie de ces investissements indispensable dans les domaines de l'acquisition du savoir-faire, de la recherche-développement, des brevets et des marques et des réseaux de distribution internationaux ' » s'interroge l'expert algérien.Des banques commerciales pour promouvoir les exportateursDétaillant les moyens susceptibles de contribuer à ce soutien, Farid Bourenani mentionne tout d'abord les « réserves de devises discrétionnaires, » dont un exportateur comme Cevital est, selon la réglementation existante elle-même, susceptible de disposer librement. Plus largement, il propose une réforme de la réglementation des changes actuelle dans le but d'élargir les sources de devises de notre pays en « faisant la promotion des exportateurs nationaux ». Pour cela Il faudrait selon le conseiller financier du groupe Cevital, franchir le pas consistant à « autoriser les banques commerciales à conserver au moins, dans une première étape, les recette d'exportations générées par les entreprises exportatrices du secteur privé ».Pour Bourenani, « à l'heure actuelle, en Algérie les dossiers d'investissement qui génèrent des devises n'intéressent pas nos banques commerciales du fait qu'elles ne sont pas actives sur le marché des changes. L'argument, qui a son poids dans d'autres pays, et qui consiste à dire : j'amène des devises, est un argument qui ne porte pas dans notre pays».Autre proposition de réforme du dispositif institutionnel proposée par l'expert algérien : la création de « fonds d'investissements publics ou privés en devises,» qui pourraient « si on veut éviter de puiser dans les réserves de change, être alimentés au moins partiellement par des appels à l'épargne de la diaspora »




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