Algérie

Familles des disparus: Besoin de vérité et de justice


«Les excuses de l'Etat ne sauraient faire taire le besoin de vérité et de justice», estiment le collectif des familles de disparu(e)s en Algérie et SOS Disparu(e)s.

Cette réaction est une réponse aux propos tenus par le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), publiés dans Le Quotidien d'Oran du 31 août 2009. «L'Etat devrait présenter ses excuses officielles aux familles de disparus et doit leur donner un statut spécial», nous avait déclaré Maître Mustapha Farouk Ksentini. Dans sa mise au point qu'il a adressée à la rédaction, le collectif des familles de disparus en Algérie et SOS Disparu(e)s affirment qu'«au premier abord, cette déclaration force la satisfaction dans la mesure où elle semble présager d'une évolution dans le traitement du dossier des disparus à un niveau institutionnel». Toutefois, écrivent-ils, «et de manière décevante, une lecture attentive de cette déclaration démontre une vision extrêmement restreinte de ce que doit être une réhabilitation pleine et entière». Ils pensent que «M.Ksentini, qui prône le dialogue, a manifestement tendance à favoriser les compromis proposés par le pouvoir et ne semble pas entendre les voix des familles». Pour le collectif et SOS Disparu(e)s, le président de la CNCPPDH « affirme, sans s'aventurer à expliquer pourquoi, que la Vérité et la Justice sont irréalisables. Pourtant, en 2005, à l'issue du Mécanisme ad hoc, M. Ksentini avait bien affirmé que la Vérité passait par la recherche des corps des personnes disparues». Le collectif de Fatima Yous et SOS Disparu(e)s affirment à cet effet qu'« il y a 3.300 personnes inhumées sous X dans les cimetières algériens. Chaque dépouille doit être identifiée par l'expertise génétique de type ADN, un procédé à la fois difficile et coûteux, donc réalisable ». Les familles des disparus déplorent, lit-on dans la mise au point, le manque de persévérance dont le président de la CNCPPDH fait preuve et la facilité avec laquelle il revient sur ses déclarations chaque fois que celle-ci n'arrangent pas le pouvoir politique ou militaire».

 Le collectif reprend l'affirmation de Maître Ksentini « les droits de l'Homme, c'est une culture» pour lui recommander que « si la CNCPPDH ne peut, à elle seule, mener l'Algérie vers un Etat de droit, elle se doit d'y contribuer en s'ouvrant à la société civile et en faisant de cette culture la sienne de manière indétournable». Tout en faisant savoir que «l'indemnisation des familles de disparus conditionnée par un jugement de décès que M. Ksentini se glorifie d'avoir arrachée, est à l'opposé de la culture des droits de l'Homme», l'indemnisation, ajoutent-ils, «n'a de valeur que si elle est l'aboutissement du processus de Vérité et de Justice et sans condition». Ils concluent qu'« en l'absence de ce préalable, l'indemnisation est manipulation et chantage». Les familles de disparu(e)s notent qu'aujourd'hui, «sur fond de projet de généralisation de l'amnistie, M. Ksentini préconise des excuses officielles. Les excuses que l'Etat doit aux victimes n'auront de valeur que si elles sont accompagnées d'une réelle volonté concrétisée par des actes». Elles ajoutent cette précision «avant toute excuse, les familles de disparu(e)s attendent de l'Etat algérien qu'il se soumette à ces obligations internationales et qu'il prenne toutes les mesures nécessaires pour faire la lumière sur le sort de tous les disparus».

 Leur conclusion est que «le CFDA et SOS disparus, cette minorité active - pour rependre les propos de Maître Ksentini - qui représente en réalité une grande majorité des familles de disparus, rappellent que les indemnisations et les excuses de l'Etat ne sont que des éléments de réparation et ne sauraient faire taire le besoin de Vérité et de Justice».


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