Les peurs en Algérie semblent plus vécues individuellement. Pour le «collectif national», c'est plutôt couci-couça. Les angoisses existentielles de chacun ne font pas forcément des psychoses à l'échelle d'un pays. La pomme de terre caracole à 100 DA ' Les ménagères en caquettent dans les marchés, mais personne ne rue dans les brancards. L'arrivée de la nouvelle récolte du tubercule sur le marché est annoncée et devrait amener une baisse des prix. Si cela ne suffit pas, on procédera comme d'habitude : l'importation massive, «casseuse» de prix et remplisseuse de ventres.Peut-être alors cette grève des médecins de santé publique annoncée pour très bientôt. Les menaces de grève étant plus nombreuses que les grèves elles-mêmes, il est à parier que le syndicat qui en a lancé le mot d'ordre veut surtout négocier. Et puis, on ne le savait pas, mais les journées de grève des enseignants et des médecins, jusqu'à l'année dernière, étaient normalement payées. C'est pour cela d'ailleurs que les débrayages, dans l'enseignement notamment, avaient fini par devenir des «congés avec solde» avec reconduction automatique. «Si tu veux lui faire mal, frappe-le au portefeuille», disent les anciens. L'adage trouve d'ailleurs sa parfaite traduction dans la loi qui codifie et décline tous les types de sanctions pécuniaires.Maintenant, si on se met à écouter nos politiciens, on se réveillerait tous les jours avec la peur au ventre. Mais comme leurs prédictions ressassées d'explosion sociale imminente ne se sont pas réalisées, ils n'effrayent personne, encore moins le pouvoir qui ne donne aucun signe de panique. Eh oui, la communication en politique, ça s'apprend. Un vrai casse-tête que d'essayer de localiser les sources de nos peurs probables ou à venir. Il paraît que les sanguinaires de Daech sont à l'?uvre à nos frontières, dans un pays livré au chaos, aux affrontements meurtriers entre groupes et milices rivaux. Il ne fallait pas l'oublier, cette malheureuse Libye en voie de somalisation avancée. Les volumineux stocks d'armes constitués du vivant de Kadhafi alimentent un super souk où tous les groupes terroristes du Sahel viennent s'alimenter.Mais pas de mouron à se faire pour ce «Bourourou» venu du Moyen-Orient. Notre Premier ministre, naturellement bien informé en temps réel, de par ses fonctions, de tout ce qui se passe à nos frontières, se veut plus que rassurant. «Le Maghreb et l'Afrique du Nord ne peuvent pas connaître Daech, l'Algérie ne connaît pas Daech, ni de près, ni de loin», a-t-il voulu rassurer le20 octobre dernier depuis In-Guezzam, dans l'extrême sud du pays. Optimiste de nature, M. Sellal a d'ailleurs invité ses compatriotes, il y a encore quelques jours seulement, à ne pas céder au défaitisme ni à distiller la morosité. Il n'y a aucune raison de ne pas le croire. Grand ordonnateur de la prébende nationale, il connaît le taux de remplissage des caisses de l'Etat mieux que quiconque. Nous, ce qu'on sait, c'est que les caisses de l'Etat affichent un meilleur taux de remplissage que nos barrages hydrauliques. Mais sans doute beaucoup moins que nos champs pétroliers qui n'ont pas permis à l'Algérie de mettre sur le marché international des quantités supplémentaires de brut au plus fort de la demande, avant qu'elle ne chute en même temps que les prix depuis juin dernier.Et voilà, du liquide à la liquidité mesurée en pétrodollars, nous avons pu, de fil en aiguille, trouver une source de peur pour les Algériens. Les fils spécialisés consultés indiquaient hier que pour la septième semaine consécutive, la tendance est toujours baissière. Le prix du baril a perdu 30% en cinq mois. Il faut se représenter sur un graphe ce pourcentage de baisse pour mieux visualiser le taux de remplissage à venir des caisses de l'Etat si, à Dieu ne plaise, les prix du pétrole ne remontaient pas. On sait tout ce que représentent les revenus pétroliers dans l'économie nationale et le niveau de vie des Algériens. La seule peur à avoir est la pire, celle qui réveille toutes les autres et les aggrave. Alors, faites-nous peur maintenant, Messieurs nos dirigeants. Prenez-nous à témoins, vous pourriez plus facilement faire passer des mesures pour une fois impopulaires.A. S.
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Posté Le : 09/11/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A Samil
Source : www.latribune-online.com