Algérie

Fait du jour : Souffrances ordinaires sur route coupée


La mésaventure est arrivée hier à un citoyen d'Ifigha, dans la daïra d'Azazga. Ayant un vol à 19h, pour Barcelone, il prend la route à 8h en direction de l'aéroport d'Alger. Il croyait prendre ses dispositions, pensant qu'il n'y avait aucune raison de ne pas pouvoir parcourir 150 km en onze heures, en prenant en compte tous les barrages de contrôle et les embouteillages chroniques sur la route d'Alger. Arrivé à Taboukert, à 30 km de chez-lui, le citoyen d'Ifigha et la famille qui l'accompagnait se retrouvent bloqués dans un embouteillage imprévu. Renseignements pris, il s'est avéré que la route a encore une fois été coupée à Oued Aïssi, 15 km plus loin. Deux heures plus tard, n'ayant pas bougé d'un iota, et voyant qu'ils ne pourront pas passer le cap de Oued Aïssi avant l'après-midi, les infortunés de la route rentrent dans leur village. L'avion de Barcelone partira sans eux. « On en a marre ! Pourquoi ils ne manifestent pas devant la wilaya ' », dit au téléphone l'homme d'Ifigha. « Heureusement' », dit un autre citoyen de Fréha. « On a transporté une femme de notre famille à la clinique obstétrique de S'bihi, à Tizi Ouzou, dans la nuit d'hier, à 3h. Heureusement que cela est survenu la nuit. Si c'était aujourd'hui, ça aurait été un drame », dit-il.Si les ambulances sont « officiellement » autorisées à passer les barricades, le problème est de pouvoir arriver jusqu'à ces mêmes barricades. Sauf moyen héliporté, il est impossible de passer 15 km d'engorgement. Lorsque le véhicule en question n'est pas une ambulance, il faudra sans doute présenter des signes de détresse clinique, une hémorragie ou un évanouissement, pour obtenir le laissez-passer. « Nous l'avons évacuée avec notre véhicule particulier. A l'hôpital d'Azazga, ils ne voulaient pas prendre en charge un accouchement à risque en l'absence d'un obstétricien. Elle avait de l'hypertension », ajoute le citoyen de Fréha. Tout s'est bien passé à S'bihi, grâce au climat paisible de la nuit. Le lendemain, dans la journée, l'enfer est assuré pour des dizaines de milliers de personnes, pris au piège d'une route barricadée. Le face à face entre administration et les protestataires a ceci de dérangeant que les élus locaux sont complètement évacués de la scène. Ils ont pourtant la vocation de porter les préoccupations de leurs électeurs, de les répercuter devant les pouvoirs publics pour obtenir une prise en charge efficiente. Si les citoyens se confrontent aux autorités, c'est que la courroie de transmission est considérée cassée.
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