Fait du jour : Mutations à coeur ouvert

Une fois n'est pas coutume, un wali sortant rend publique une déclaration où il exprime ses remerciements aux représentants de la société civile, mais aussi son sentiment à  la veille de son départ pour rejoindre un nouveau poste. Affecté à  la wilaya de Batna, à  l'occasion du récent mouvement des walis, Hocine Mazouz, wali sortant de Tizi Ouzou, a tenu à  s'adresser, à  travers un communiqué de presse, aux parlementaires, aux élus locaux, aux personnels de l'administration, à  la presse et à  la population. Cette démarche, empreinte de sincérité, rompt avec les mœurs ayant prévalu jusque-là, où les hauts représentants de l'Etat ne sortent jamais de leur tour d'ivoire, avant, pendant, et après l'exercice de leurs responsabilités. L'humanisation des relations entre l'Etat et les citoyens est une œuvre de salubrité publique, seule à  même de permettre une prise en charge effective des problèmes vécus par la population, loin de la défiance et de l'incompréhension. L'œuvre de construction ne peut pas àªtre engagée et menée à  bon port sans la restauration de la confiance, avant même le rétablissement de la sécurité. L'hommage du wali à  la population locale est de nature à  rassurer les citoyens de la région qui se sont souvent sentis victimes d'ostracisme et de mauvais procès. Le wali écrit : « Le grand mérite de tous les efforts consentis revient inéluctablement à  la population de la région qui n'a jamais cessé de montrer sa disponibilité aux côtés des acteurs du développement de la wilaya. (…) Le patriotisme des populations de la région n'est guère une affaire à  démontrer, cela m'a permis de découvrir une authentique école du sacrifice et d'amour pour le pays ». En poste à  Tizi Ouzou depuis mars 2006, le wali sortant a eu à  gérer de vives tensions sociales, récurrentes, mettant à  rude épreuve tous les démembrements de l'administration locale et des services de sécurité. Routes et APC fermées par des villageois réclamant l'amélioration des conditions de vie, rassemblements fréquents devant le siège de la wilaya, et même la paralysie, l'année dernière, de la zone industrielle de Oued Aïssi, où se concentre l'essentiel de la vie économique de la région, par des jeunes chômeurs exigeant du travail. Quand l'Etat reconnaît qu'il s'agit là des signes de bonne santé de la société et d'attachement au pays, le débat est déjà bien avancé et l'espoir est permis quant à  un renouveau dans la gestion des collectivités.