Algérie

Fait du jour : Guerre larvée à l'APW



L'APW de Boumerdès, jusque-là calme et docile, a vécu avant-hier son premier couac depuis son installation il y a 20 mois : les élus du RND ont fait lecture d'un communiqué au vitriol, prenant pour cible le président de l'assemblée avant de quitter la salle des délibérations. Ils dénoncent une série d'« anomalies » dans la gestion de l'assemblée. Se réveillant à la confiscation de leurs attributions d'élus, ils ont eu un sursaut d'orgueil pour réclamer de l'assemblée de respecter les décisions prises en séance plénière. Officiellement, ils refusent qu'on n'ait pas respecté la décision de doter 17 APC déficitaires de budgets supplémentaires, et qu'on n'ait pas réservé la moitié du budget à l'achat de citernes pour l'approvisionnement des villageois en eau potable durant l'été et le mois de Ramadhan. Ils dénoncent un fonctionnement à la limite de l'illégal après près de 2 ans de laisser-faire, de complicité. Car on sait que le FLN, sorti avec une majorité relative, a pris le soin d' « acheter » tous les partis représentés à l'assemblée en instituant 6 postes de vice-présidents. Tout le monde est servi et la paix est garantie. Quelle mouche a donc piqué les élus du parti d'Ouyahia ' Le P/APW, sans être totalement exempt des reproches qui lui sont faits, donne la réplique : c'est une agitation purement électoraliste. La messe est dite et il est clair que cette fissuration est moins provoquée par un souci d'équité, d'égalité de légalité et de transparence dans la répartition de l'argent public que par des ambitions politiciennes ou strictement personnelles. La guerre larvée que se livrent le RND et le FLN tourne autour du poste de sénateur. Le renouvellement partiel de la Chambre haute du parlement devant intervenir au mois de décembre prochain, les appétits s'aiguisent et l'on joue à couteaux tirés. L'enjeu est de taille et il laisse se permettre tous les coups. Le P/APW est accusé de répartir l'argent public entre des APC et des associations qu'il voudrait séduire. Il abuse de son statut et s'achète des voix, l'accuse-t-on. Et les militants du RND voudraient, eux, convaincre leur chef, Ouyahia, qu'il peut compter sur eux pour rééditer le scénario de 2007 où ils ont gagné le siège de sénateur face à un FLN pourtant plus largement représenté dans les assemblées locales. Ils se découvrent du coup une vocation d'opposants dans une assemblée où les débats vêtaient jusque-là une platitude sans pareille mesure. Et ils n'omettent pas de mettre la « dose qu'il faut » de religion dans leur geste en associant leur action au « souci du citoyen pendant le Ramadhan ».


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