La distribution de logements sociaux au profit des citoyens nécessiteux devient une mission presque impossible pour des autorités qui paraissent avoir une idée approximative de la misère dans laquelle vivent les populations. Les commissions chargées de mener des enquêtes sociales semblent tourner à vide puisque les procédures d'attributions se terminent toujours dans le fracas des émeutes et des face-à-face entre policiers et citoyens descendus dans la rue. Des pères de famille qui n'ont ni le temps ni la vocation d'occuper la rue pour interpeller les autorités se retrouvent contraints de se serrer les coudes pour crier leur colère devant une injustice criarde et le mépris souverain des préoccupations de la population.
Des citoyens qui ont à peine l'énergie de lutter contre la misère de tous les jours se voient acculés à la protestation de rue, affrontant les cordons de police qui barrent le passage devant les édifices publics. La composante des commissions d'attribution de logements est une vraie énigme, et les critères de sélection des bénéficiaires relèvent de données quasiment classées confidentielles. Alors que l'on pensait que les citoyens sans toit, vivant de faibles revenus, étaient prioritaires dans l'accès au logement social, l'on découvre, après affichage des listes-qui n'est d'ailleurs pas systématique ces derniers temps, que les membres des commissions d'attribution peuvent s'entendre pour se partager le gâteau, pour eux-mêmes et leurs proches. Chaque localité du pays se découvre une vocation de république bananière, où les passe-droits, le cynisme, les trafics d'influence, les trafics tout court, régentent la vie publique, sous la protection des boucliers des services de sécurité.
Les tenants du système, à mi chemin entre le notabilisme de mauvais aloi et la délinquance en col blanc, pensent qu'il y a une parfaite étanchéité entre la colère sourde de la population et le cours des événements. Un véritable mirage puisque la chute des dictatures entraine fatalement la désintégration des oligarchies locales.
La société a été tenue ces dernières années par des OVNI politiques appelés «Coordinations de soutien au programme présidentiel». Aujourd'hui, ces nébuleuses sont en train de voler en éclats, laissant sur le carreau des «militants», ou des adhérents, dont la mission était de maintenir l'espoir d'une «vie meilleure » auprès de la population. Celle-ci se retrouve, à présent, face à une administration publique minée par la corruption et la gabegie.
Posté Le : 04/04/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Djaffar Tamani
Source : www.elwatan.com