La Kabylie est en train de devenir, paradoxalement, un véritable désert politique. La vie politique intense qui a toujours caractérisé la région s'est dangereusement émoussée pour laisser place à un climat morose où il est extrêmement rare d'écouter de vive voix un discours non officiel. La nature ayant horreur du vide, des groupes de pression, adoubés par l'administration et sa périphérie, tentent d'occuper le terrain et de réinventer le parti unique, avec la légitimité historique en moins.Des entités politiques se revendiquant du pouvoir central ont depuis de nombreuses années déjà investi des assemblées locales. A présent, elles s'enhardissent et n'hésitent pas à occuper l'espace public, en affichant les mots d'ordre et les ambitions. On tombe alors grossièrement dans la manipulation de foule, des méthodes sorties tout droit des années de glace.
Récemment, des «journées d'information et d'orientation sur la création de nouvelles entreprises et la promotion de l'emploi» ont été organisées dans la ville d'Azazga. Des invitations tous azimuts avaient été lancées par la «coordination de soutien au programme du Président de la République». Cela n'a soulevé aucune réaction du mouvement associatif des jeunes ou des partis d'opposition, bien qu'on soit face à une véritable OPA politique à l'encontre de la jeunesse locale.
Les dispositifs de soutien à l'emploi des jeunes, pilotés par l'ANSEJ, la Cnac et l'Angem, méritent d'être explicités, vulgarisés et largement diffusés dans les localités. Mais le recours à un parrainage politique, dépassant de loin tous les stratagèmes de manipulation et de récupération, n'est rien d'autre qu'une tentative de destruction de tout le capital acquis dans la région ces dernières décennies en matière d'éveil politique et de combat démocratique.
L'entreprise de normalisation de la scène locale engagée depuis plus de dix ans est en train d'évoluer vers un travail d'embrigadement des masses, d'anesthésie générale du corps social. Dans ce champ de ruines politique, des personnalités ayant engagé les luttes démocratiques depuis près de 40 ans, n'ont plus voix au chapitre. Par contre, un conglomérat d'individus n'ayant aucune connaissance de l'histoire récente, des luttes politiques passées, même de celles actuellement en cours dans les pays voisins, tentent d'imposer une marche martiale à une société que le pouvoir a essayé de réduire à l'état végétatif.
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Posté Le : 16/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djaffar Tamani
Source : www.elwatan.com