Algérie

Faire les poubelles faute de mieux !


On les croise régulièrement, ces hommes et ces femmes qui plongent leurs bras dans les énormes poubelles qui jouxtent les marchés, tandis que leurs mains fouillent, nerveusement, dedans dans l'infime espoir d'y puiser ce qui servira peut-être de repas aux siens. Ils baissent la tête et détournent le regard lorsqu'ils surprennent celui d'autrui, fixé sur le triste tableau qu'ils offrent aux passants. Ils ont honte d'y être contraints, mais?ils y vont, quand même, pour assurer la survie des leurs. Ils regardent, ailleurs, tandis que leurs doigts, fébriles, cherchent et récupèrent ce dont les autres ne veulent plus. Inlassablement, ils en retournent le contenu en espérant ne pas être reconnus par quelque connaissance.La honte de devoir recourir à ce procédé pour s'alimenter et la crainte d'être surpris, dans sa quête malheureuse, par un voisin. Deux raisons qui racontent une descente aux enfers que le Croissant-Rouge ou le ministère de la Solidarité, dont c'est la mission d'apaiser cette autre détresse, ne voient qu'accessoirement parce que trop affairés ailleurs.
Hier, c'était aux adultes que l'on demandait de prouver qu'ils étaient pauvres et maintenant ce sont les enfants que l'on questionne sur l'état des finances de leurs parents. Pourquoi et dans quel but a-t-on recours à de tels procédés ' Qui décide de cette brutale intrusion dans le milieu où évolue un enfant ' En quoi ces enquêtes sont-elles innocentes ou susceptibles d'aider l'élève, lorsqu'il est dans le besoin, à vivre comme ses camarades mieux nantis ' Et si les parents refusaient de remplir l'imprimé, adressé par l'établissement scolaire, à cause des questions indécentes qu'il comprend ' Du plus loin qu'il m'en souvienne, la fiche de renseignements, adressée à la famille en début d'année scolaire, n'exigeait pas que l'on réponde à des questions du genre : «Est-ce que vous habitez une villa ou un appartement' êtes-vous éclairés à l'électricité ou à la bougie' Avez-vous le téléphone et est-ce que vous cuisinez et vous réchauffez au gaz ou au charbon...'» Certes, les questions sont posées autrement, mais le viol de l'intimité, lui, ne fait aucun doute.
M.?B.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)