«Faire de Tindouf un centre de transit du commerce international vers l'Afrique de l'Ouest»

Le chef de l'exécutif de wilaya est convaincu depuis l'ouverture du poste frontière avec la Mauritanie que Tindouf est en passe de devenir un centre de transit commercial international en direction de l'Afrique de l'Ouest. Son argument massue, il le résume dans cette équation : «Sachez qu'un convoi de marchandises qui part d'Alger met actuellement au maximum neuf jours et qu'il en fera cinq une fois les 700 km de piste en territoire mauritanien macadamisés. Comparativement, la même cargaison de ce convoi acheminée des mêmes points met au minimum 25 jours. Alors, imaginez vers quel trajet s'orienterait le choix des opérateurs économiques '»? Quelles perspectives ouvre ce poste-frontière '
D'abord, Tindouf n'est plus une impasse. La circulation des personnes a commencé. Ensuite, ce poste n'a pas été pensé comme une ouverture sur la seule Mauritanie, car, outre ce pays constituant un marché de 5 millions d'habitants, c'est celui autrement plus important de l'Afrique de l'Ouest qui est ciblé.
C'est un énorme potentiel, comparativement au marché européen devenu hermétique. Or, le constat fait démontre que les produits algériens y sont très demandés, en particulier ceux en plastique, l'agroalimentaire et l'électroménager. Il est impératif de conforter nos bonnes relations politiques avec ces pays par des échanges économiques. Ce sont d'ailleurs ces pays qui interpellent le nôtre là-dessus.
? Y a-t-il eu des frémissements d'intérêt '
Journellement, des opérateurs économiques nationaux me sollicitent. Les uns pour s'informer, les autres prospectent déjà la possibilité d'investir localement pour monter une base logistique afin d'amoindrir les coûts à l'export.
Certains se proposent carrément d'installer ici des usines. Par ailleurs, le ministère du Commerce travaille à mettre en place des mesures de soutien en faveur des exportateurs nationaux en matière de transport dont le taux irait de 20 à 50%, voire plus.
? Existe-t-il un intérêt en contrepartie de l'autre côté de la frontière '
En Mauritanie, il est considérable. J'ai reçu quelques hommes d'affaires mauritaniens. Nos voisins souhaitent davantage d'ouverture et demandent la création d'une ligne aérienne. La route est quand même longue, d'autant qu'elle n'est bitumée que du côté algérien. Sur la partie mauritanienne, il y a 700 km à l'état de piste, soit deux jours de route. La Mauritanie explore la possibilité d'un financement par la BAD ou par une autre institution financière pour la bitumer. Il est fort à parier que notre pays va apporter sa contribution à ce projet.
? Quelle importance stratégique représente le passage par cette voie '
Il est concurrentiel à tous points de vue ! Sachez qu'un convoi de marchandises qui part d'Alger met actuellement au maximum neuf jours et qu'il en fera cinq une fois les 700 km de piste en territoire mauritanien macadamisé. Comparativement, la même cargaison de ce convoi acheminée à Nouadhibou met au minimum 25 jours.
C'est ce qui explique l'attraction des opérateurs économiques tant algériens que mauritaniens pour Tindouf. A cet égard, à la demande des uns et des autres, entre le 15 et le 19 décembre, nous organisons à leur intention un séminaire avec la douane pour expliciter le détail des procédures et autres concernant l'import-export.
? Si le passage par Tindouf pour les produits algériens est aussi avantageux en matière de coût, il l'est tout aussi pour ceux d'Europe '
Précisément ! Avec en outre le port de Cherchell, le doublement de la RN1, le maillage des routes au sud du pays et l'ouverture de postes frontières, l'objectif est de faire de l'Algérie un centre de transit du commerce international. Entre Tindouf et Adrar, il ne nous reste que 190 km à achever pour que les 623 km de nouvelle route soient livrés.
De la sorte, Tindouf va être désenclavée dans toutes les directions et ne plus dépendre de la seule route qui nous relie à Béchar. De même, autre moyen de communication, en plus de la liaison par fibre optique avec Béchar, une nouvelle liaison est en cours de réalisation avec Adrar, ce qui, en cas de coupure sur l'une maintiendra la communication. Mais pour l'heure, l'écueil le plus urgent à lever, ce sont les 700 km de piste en Mauritanie
? La dernière pièce de la trilogie saharienne fondée sur le pétrole, le gaz naturel et le minerai de fer est-elle en voie d'être jouée au niveau du méga gisement de Gara Djebilet '
Nous sommes au dernier stade de faisabilité. Il faut savoir que notre fer possède un taux de phosphore élevé (0,8%). Des études en laboratoire ont permis de le ramener à 0,1%, ce qui le rend exploitable. Maintenant, nous passons à l'échelle industrielle pour confirmer la validité du process élaboré en laboratoire.
Une expédition de minerai par bateau à partir d'Oran est en voie pour des essais en usine en Chine ou en Russie. En janvier ou février 2019, nous saurons les résultats. De toute façon, la décision d'exploiter est prise. Une centrale électrique de 300 mégawatts est prévue en réalisation pour ce projet. Quant au transport vers le Nord, c'est par voie de chemin de fer en passant par Béchar.
? Votre dernier mot '
Je veux dire aux investisseurs que l'avenir est aussi au sud du pays. Ils sont les bienvenus.