Algérie

« Faire bonne figure au Mondial-2014 »



« Faire bonne figure au Mondial-2014 »
Vous avez participé au titre de champion d'Algérie arraché par le RS Kouba durant la saison 80-81, mais on ne vous a pas donné votre chance en Equipe nationale. Comment expliquez-vous cela 'À l'époque, il y avait une pléiade de joueurs exceptionnels et d'un niveau très élevé. Mon poste de prédilection était milieu de terrain défensif. Feu Maâzouza m'a utilisé en tant qu'arrière gauche au milieu des années 70. Ce monsieur est une légende que je n'oublierais jamais. Il n'était pas seulement un entraîneur. Il était très proche de nous. Je me souviens, une fois, il a payé de sa poche nos arriérés (trois mois de salaires). En sélection, les places étaient très chères. Il fallait respecter les choix des entraineurs nationaux à l'époque, vu que les meilleurs étaient sélectionnés. Il n'y avait pas de place aux sentiments.Donc, vous n'en voulez pas aux techniciens qui ont drivé les Verts jusqu'à l'année de votre retraite...Absolument pas. Ceux qui étaient en Equipe nationale méritaient amplement leur convocation. Etre champion d'Algérie ne suffisait pas pour taper dans l'?il du sélectionneur national. Dieu merci, il y avait plusieurs de mes coéquipiers qui ont représenté dignement le RSK en Equipe nationale comme Assad et Cerbah. Ce dernier a été irréprochable durant la saison (80-81) contribuant à notre premier titre de champion d'Algérie. Pour ceux qui ne le savent pas, nous aurions pu être champions bien avant. Nous avons dominé la compétition plusieurs années durant les phases aller, avant qu'il n'y ait un relâchement durant la phase retour. Lors de la saison 74-75, nous avions raté d'un cheveu le championnat face au MCA. D'ailleurs, je me souviens qu'on nous a refusé un but valable. Tout cela pour vous dire que la concurrence pour le titre était très rude entre plusieurs pensionnaires de l'élite. Ce qui faisait la force de notre Equipe nationale était le championnat. Les joueurs étaient mûrs et bien préparés dans leurs clubs. La composante de la sélection était à majorité locale.L'Algérie n'a pas réussi à se qualifier au second tour des Mondiaux de 1982 en Espagne et 1986 au Mexique, alors qu'il y avait une pléiade de « génies ». Qu'est-ce qui n'a pas permis à notre onze de passer le cap du 1er tour 'Nous avons eu une très grande équipe en 1982 et en 1986. Mais nous n'avons pas eu de grands dirigeants. En 1986, ils n'ont pas retenu les leçons de 82. Il n'y a eu que des promesses. A quelques minutes du match face à l'Irlande, un dirigeant évoque la question des primes, informant les joueurs que l'argent de la ligue arabe estimé à 10.000 dollars n'était pas destiné à l'Equipe nationale. C'était une nouvelle qui a « scié » les jambes des protégés de Rabah Saâdane. Le joueur algérien n'était pas matérialiste. Il était honnête et mettait l'intérêt national au-dessus de tout. Je vous donne un exemple. Nous avons une fois affronté le club marocain de Kenitra en coupe d'Afrique des clubs champions. Nous nous sommes contentés d'un score de parité à l'aller (1-1) au stade Omar-Hamadi (ex-Bologhine). Notre entraineur à l'époque, le regretté Zerrar, a prononcé un discours émouvant avant le match. Nous n'avons pu retenir nos larmes. Il a su comment nous motiver. D'ailleurs, nous avons joué un match héroïque au Maroc. Nous avons gagné avec l'art et la manière (3-1) avec un doublé de Assad, qui a donné du fil à retordre à la défense adverse.24 ans après, l'Equipe nationale renoue avec le Mondial en 2010 et en 2014. Comment avez-vous vécu le parcours des Verts lors des éliminatoires, notamment ceux du Mondial de 2014 'Nous avons arraché une qualification ô combien historique en 2009 pour le Mondial sud-africain aux dépens de l'Egypte. Après une participation que je qualifie d'honorable, nous avons composté, quatre ans après, notre billet pour le Mondial prévu en juin au Brésil. Halilhodzic a prouvé que c'est un grand entraineur, après avoir été un attaquant racé. Pour faire un passage de la première équipe des Ziani, Belhadj, Matmour, il a travaillé sans répit pour reconstruire une autre Equipe nationale. Tout est à son honneur. Lors de la double confrontation face au Burkina Faso, les équipiers de Feghouli ont fait montre de bravoure. Le match retour était plus difficile que le match aller que l'EN a perdu (2-3). Le but de Bouguerra a été la clé de la qualification à Rio, après une première mi-temps médiocre côté algérien.L'Algérie figure dans le groupe H en compagnie de la Belgique, de la Russie et de la Corée du Sud. Comment se présente pour vous cette poule 'C'est un groupe difficile. Nous aurons trois adversaires qui ont un style de jeu différent. Il s'agit aussi de sélections habituées à se qualifier au Mondial depuis des années. Nous allons à l'aventure. La majorité de nos joueurs ne jouent pas régulièrement avec leurs clubs. J'aurais aimé qu'il y ait au moins 80 % de nos professionnels titulaires indiscutables dans leurs clubs. Cette situation ne doit en aucun cas bloquer les équipiers de Slimani. Dans les grandes compétitions, l'Algérien a toujours eu un sursaut d'orgueil. En 1982, qui s'attendait à notre victoire face à l'Allemagne, à l'époque championne d'Europe en titre 'La fédération s'est fixée comme objectif la qualification aux huitièmes de finale. Un commentaire 'Il faut penser à faire bonne figure. Nous devons gérer match par match et réussir surtout l'entrée en compétition face à la Belgique. A mon avis, c'est une erreur de se fixer le second tour comme objectif. Nous avons déjà mis une certaine pression sur les épaules des joueurs.L'attaquant du club anglais de Leicester, Riad Mahrez, pourrait être convoqué en équipe nationale. Ce joueur peut-il être d'un apport à moins de deux mois du Mondial 'Comme je l'ai déjà dit, Halilhodzic est un homme de métier. Mahrez est un attaquant compétitif et titulaire dans son club. Il mérite d'être convoqué, surtout qu'on ne dit que du bien de lui. Question adaptation, je ne pense pas qu'il aura des problèmes à se fondre dans le groupe. Un vrai professionnel peut s'adapter à n'importe quelle situation, surtout quand il s'agit de représenter tout un pays à une coupe du monde. La motivation lui donnera des ailes, ainsi qu'à tous ses coéquipiers.Halilhodzic pliera bagage juste après le Mondial. Une telle nouvelle peut-elle influer sur le moral des troupes à la veille d'une compétition aussi prestigieuse qu'une coupe du monde 'Le départ de Halilhodzic n'est pas une solution. On aurait pu l'associer à un projet de formation en collaboration avec un staff élargi d'anciens internationaux algériens. Notre qualification au Mondial ne veut pas dire que notre football va bien. Nous dépendons des écoles de formation françaises. Je ne diminue pas de la valeur des actuels internationaux ni de leur amour pour le pays, mais il est temps de penser à la formation en Algérie.Un dernier mot 'Le football se développe dans le monde d'année en année. Il faut repartir sur de bonnes bases en Algérie. Le sport roi est, que l'on veuille ou non, toujours victime du bricolage. Auparavant, les juniors accompagnaient les seniors. Le RCK avait l'habitude de faire participer les jeunes dans des tournois internationaux comme c'était le cas durant les années 70- 80. Nous avons pris part une fois à un challenge à Saint-Etienne. Nous avons été la révélation, prenant le meilleur sur des clubs réputés pour être des réservoirs de talents. Il faut penser à l'avenir et arrêter de courir derrière le résultat immédiat.




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