Faillite en clair !

Les Algériens ont finalement pu voir hier le match de leur sélection nationale de football en direct de Banjul, la capitale gambienne. Image et son à l'appui. Cela ne devrait pas néanmoins nous faire oublier l'angoisse dans laquelle ont été embarqués des millions d'Algériens. Ces derniers ignoraient en fait si la télévision publique allait diffuser le match ou pas. Et l'interrogation devenait persistante à mesure que l'heure du match approchait. Mais avant que les téléspectateurs n'apprennent la bonne nouvelle, ils ont eu vent -progrès technologique aidant- de la possibilité de voir le match sur Arriyadia, une chaîne marocaine. En revanche, les Algériens ne se sont pas interdit les interrogations sur une telle situation. Sans tomber dans un chauvinisme primaire, ils se demandent pourquoi un match de leur sélection nationale est accessible sur un canal marocain et pas sur celui de l'Eptv (ex-Entv). Notre chaîne, la bien nommée, l'Unique, a dû ainsi jouer dans le temps additionnel de négociations des droits de diffusion pas forcément insupportables pour une entreprise tenue de garantir le service public. Les interrogations que se posaient les Algériens sont légitimes. Plus que légitimes ! Car, avec la solution qu'offre la chaîne Arriyadia, les administrateurs de l'Unique ne pouvaient plus parler de «raisons financières» pour justifier la non-retransmission du match. Le scénario était encore possible à moins de 24 heures de la rencontre. La chaîne marocaine, en achetant les droits de retransmission de ce match -et bien d'autres qui ne concernent pas la sélection de l'Atlas- venait justement de dévoiler la nullité et la caducité du très usité argument financier souvent soulevé par nos responsables. Gardons en vue néanmoins, qu'au-delà de l'actualité, l'inertie de l'Eptv n'a pas été bousculée par une chaîne de télévision aux grandes ambitions cathodiques. Notre chaîne nationale ne peut plus prétendre évoluer sur un terrain où Al Jazeera compte s'approprier les championnats les plus chers de la planète foot. Le doux tacle émane bel et bien d'une chaîne thématique. Une chaîne sportive comme son nom l'indique. Voilà qui nous rappelle bien des «projets». L'Algérie allait lancer une chaîne sportive au deuxième semestre 2010. C'était dans l'euphorie du Mondial de la même année. La promesse, servie avec beaucoup de certitude, a été annoncée par un membre du gouvernement, aujourd'hui appelé à d'autres missions. Deux ans plus tard, le bébé de l'Unique n'est pas encore né. Les forces du statu quo l'empêchent de voir le jour. Elles bloquent toute initiative, y compris une ouverture très thématique, qui ne bousculerait en rien l'ordre politique en place. Ailleurs, le service public audiovisuel se porte nettement mieux même quand la démocratie n'est pas au rendez-vous. Cela ne justifie, bien entendu, aucun recours à la fermeture et au verrouillage. Sous n'importe quel prétexte.A. Y.