Algérie

Faillite des relations internationales


Faillite des relations internationales
Il y a vingt ans, le Rwanda, ce petit pays d'Afrique que beaucoup ne parvenaient pas à situer, était le théâtre d'un génocide. Pas moins de 800 000 personnes étaient massacrées en tout juste 100 jours. Une effroyable machine à tuer était lancée contre des populations sans défense. Une catastrophe d'autant plus incroyable que le monde, pourtant prévenu par une mission de l'ONU sur place depuis quelques mois, n'a pu empêcher. Que l'on se rappelle les cris de détresse de son chef, le général canadien Roméo Dallaire, envoyé sur les lieux pour superviser l'application de l'accord dit d'Arusha (du nom de la ville tanzanienne) conclu une année auparavant entre les autorités rwandaises et le Front patriotique rwandais (FPR) actuellement au pouvoir dans ce pays.Rien n'allait au Rwanda et le général canadien, qui ne connaissait certainement pas encore ce pays ? «c'est en Afrique n'est-ce pas '» demandait-il ? où il est arrivé le 17 août 1993, avait déjà capté de bien mauvais signaux. Dès le mois de janvier 1994, il commençait à alerter les plus hauts responsables de l'ONU, autant dire la planète tout entière. Il réclamait alors plus de moyens, en tout cas suffisants pour stopper les forces génocidaires. Mais la Mission d'assistance des Nations unies pour le Rwanda (Minuar) n'avait ni le mandat ni les moyens. C'est pourquoi il déplorait, dans ses appels à l'ONU, son manque de matériel et d'hommes. Il se heurta alors au silence de cette institution, considérant probablement qu'il y avait un problème lié aux règles de procédure d'intervention et d'engagement des Nations unies.En guise de réponse, non officielle bien entendu disait-on simplement à l'époque, des querelles entre certains de ses membres ont empêché l'ONU d'intervenir. Déroutant comme argument et, dans le même temps, irrecevable car des milliers de personnes allaient être massacrées. Et l'ONU n'avait pas besoin de preuve pour corroborer les alertes de son chef de mission. Ce serait alors un réel cynisme. Une telle situation n'a, en aucun cas, droit au bénéfice du doute. Des appels sans écho alors que la situation se dégrade, y compris pour la mission onusienne qui manque terriblement de moyens.C'est dans un tel contexte que l'extrémisme ethnique s'est répandu, consacrant ce que certains allaient qualifier de faillite de l'humanité, incapable de répondre à l'appel de tout un peuple. Huit cent mille Rwandais mourront alors, massacrés par d'autres Rwandais après avoir été atrocement torturés et mutilés, la terreur et la haine n'ayant alors plus aucune limite. Comment, dans de telles conditions, expliquer la faillite du système onusien que l'on disait bien rodé et bien organisé pour avoir géré d'autres crises et qui ne peut en aucun cas plaider l'ignorance ' Le système d'alerte a bien fonctionné, comme en atteste la correspondance du général canadien qui, en ce qui le concerne, a bien su capter tous les signaux. Un massacre se prépare, ne cessait-il de dire. Et peu après d'en faire état. Le crime était commis, toutefois il n'était pas trop tard pour intervenir. Mais l'ONU ne réagissait pas. La défaillance, s'il faut la considérer ainsi, est bien réelle. Elle est d'une extrême gravité. Qui en rendra compte '


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