Algérie

Faible adhésion des politiques, rejet sur les réseaux sociaux



L'appel de deux anciens ministres et d'un militant des droits de l'Homme n'a pas produit d'écho fracassant, 24 heures après avoir été rendu public.L'appel lancé avant-hier par Rachid Benyelles, Ahmed Taleb Ibrahimi et Ali-Yahia Abdenour à l'institution militaire pour engager un dialogue de sortie de crise avec la classe politique, la société civile et des figures représentatives du mouvement populaire n'a pas suscité beaucoup de réactions positives au sein de la classe politique, alors que sur la Toile on s'est plutôt montré répulsif à l'égard de cette proposition. Le timing choisi pour l'annonce de l'initiative (veille de la date limite du dépôt des candidatures au scrutin du 4 juillet) apparaît davantage comme une issue de secours ouverte au général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, dont la feuille de route ? organiser une présidentielle dans les délais constitutionnels ? consomme doucement, mais sûrement son échec.
C'est peut-être pour cette raison que les leaders politiques prudents ne se positionnent pas clairement en faveur ou contre la proposition des trois octogénaires. Les uns et les autres attendent, sans doute, le feed-back des Tagarins pour réagir. Jusqu'à hier, uniquement trois personnalités ont marqué leur adhésion à la démarche suggérée. Dans une vidéo postée sur son compte Facebook samedi dans l'après-midi, le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, l'a rapidement applaudie. "Il faut saluer cette initiative, parce que, après que toutes les parties ont dit leur mot, il est temps qu'il y ait ce dialogue direct pour aller vers la solution finale", a-t-il soutenu, en expliquant que le peuple n'a pas d'autres interfaces que l'armée. "C'est elle qui est au-devant de la scène. C'est elle qui détient les clés de la République et, maintenant, c'est à elle d'accompagner le peuple vers les solutions exposées", a-t-il estimé. Me Mustapha Bouchachi a accueilli, aussi, l'appel favorablement, car il répond, de son avis, "aux attentes du hirak et de la classe politique. Le pays a besoin d'une vraie période de transition". Sans détour, le président de Talaie El-Houriat, Ali Benflis, a aussi exprimé son soutien à l'appel, qui "mérite l'écoute attentive et la réflexion sereine. Il définit le cadre d'un règlement de la crise qui reste à notre portée. Il indique, avec sagesse et lucidité, la voie à emprunter pour parvenir à un règlement rapide et définitif de la crise actuelle. Cette voie est la plus sûre et la moins coûteuse pour notre pays". L'attitude du FFS est moins franche. Dans une déclaration rendue publique, hier, la direction du vieux parti de l'opposition dit être réceptive à une multitude d'initiatives politiques. Elle affirme être disposée "à les discuter et à les débattre dans un cadre approprié et favorable à l'émergence d'une issue consensuelle et adaptée à la crise multidimensionnelle qui mine l'avenir de pays". Sur les réseaux sociaux, l'appel des trois personnalités ne constitue pas un événement marquant. Quelques Algériens affirment vouloir bien essayer cette solution. Mais la majorité des commentaires sont plutôt acerbes. "Arrêtez la diversion. Pas de transition avec les voleurs qui ont ruiné le pays (?)", écrit Meriem B. "Qu'il aille se reposer (Taleb Ibrahimi, ndlr). À 87 ans, ses capacités sont diminuées", note une autre internaute. "Les vendredis dehors, ce n'est pas pour chasser le cancer et ramener Ebola, afin de négocier avec le système sur le dos du peuple. Il y a deux urgences : trouver la parade pour bloquer la commission de candidature à la présidentielle et discuter de la création de comités de salut public pour mettre au point un processus vertical d'élection de délégués à une Assemblée constituante, depuis la base jusqu'au sommet", écrit-on également. Dans un post, une mise en garde : "URGENT : un plan B est en marche, on nous propose Taleb Ibrahimi comme seule alternative, un 5e mandat bis." "Ils utilisent maître Ali-Yahia comme de l'eau pour nous faire passer la pilule", pense Redouane M. Hier, lors de leur marche à Alger, les étudiants se sont exprimés, aussi, contre cette initiative. Sur l'une des pancartes brandies était inscrit ce slogan éloquent : "Pas aux vieux d'apporter du neuf."
Souhila H.


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