«Je rêve en kabyle»
Dans un entretien accordé à LExpression, la secrétaire dEtat française à la Politique de la ville, Fadéla Amara, aborde plusieurs questions dactualité.
LExpression: Vous entamez aujourdhui une visite officielle à Alger. Peut -on connaître lobjectif de cette visite?Mme Fadéla Amara: Tout dabord, je souligne que ma participation au colloque est liée directement à une amitié que japporte particulièrement au ministre de lHabitat. Il sagit de la question de la gestion immobilière et je pense que lAlgérie fait face à un défi extraordinaire. Ce colloque est intéressant car il permet léchange dexpériences des uns et des autres. La situation française peut être un bel exemple sur ce quil ne faut pas faire sur la construction de grands ensembles. Nous avons eu un grand problème dans notre pays.La construction de ces ensembles a été faite sans tenir compte du facteur humain, chose qui a amené étape par étape à des explosions sociales. Je suis agréablement surprise de voir que le chef du gouvernement et le ministre de lHabitat vont mener de front cette problématique tout en prenant en considération le côté logistique et humain.Cest le meilleur moyen darriver à créer des villes nouvelles dans lesquelles il sera agréable de vivre. La France peut être un collaborateur efficace sur tout ce qui concerne lexpertise et la formation. Nous avons justement des entretiens avec des responsables pour échanger nos expériences. A travers ce que jai vu, je pense que les cités algériennes ne sont pas dans une situation dramatique. LAlgérie nest pas dans la situation des cités des grandes banlieues françaises, elle nest pas encore arrivée à ce stade.Plusieurs ministres du gouvernement Fillon se sont déplacés à Alger récemment, quelle lecture en faites-vous?Les relations entre lAlgérie et la France? Je souhaite que ça soit une réelle histoire damour dabord parce que jai une affection particulière pour lAlgérie vous le comprendrez, mon histoire familiale. Mais aussi, cest historique, lAlgérie et la France sont liées depuis longtemps. Cest vrai dans les couples on se fâche de temps en temps, mais la réconciliation au sens propre du terme est très importante dans le sens où lAlgérie est un acteur majeur dans le pourtour méditerranéen. Que ce soit lEurope ou la France, on a vraiment besoin de lAlgérie comme partenaire. Aussi, on compte beaucoup sur lAlgérie et les responsables algériens pour que le projet de lUnion pour la Méditerranée se passe bien parce que lAlgérie, je crois, a une carte à jouer qui est fondamentale.Selon vous, est-ce quil est temps de restituer totalement les archives détenues par la France?Je pense quil faut aller dans ce processus. LHistoire doit se faire sur la base réelle de textes certifiés pour construire une histoire vraie et donne place à une vraie mémoire. Donc, moi je suis évidemment pour louverture des archives. La Mosquée de Paris, ne pensez-vous pas quelle va échapper à lAlgérie?Je suis très attentive à la question de la représentation du Conseil du culte musulman. Cest vrai que le président Dalil Boubeker ne sest pas représenté pour des raisons de dénonciation de méthodologie du vote. Je serais incapable de vous dire que ça va échapper à lAlgérie. A mon avis ce nest pas intéressant daller dans ce débat. Le plus important, plutôt, est que cette institution représente bien lensemble de la communauté musulmane dans toute sa diversité. Il ne faudrait pas demain, même sil y a eu un vote démocratique, que la communauté algérienne se sente laissée. Vous avez refusé linstrumentalisation politique de limmigration, pourquoi? Pouvez-vous nous clarifier votre position?Je suis très attachée à la question de limmigration parce que mes parents sont toujours immigrés. Je considère que cette question a été un sujet extrêmement brûlant et quon la instrumentalisé, soit pour faire peur aux gens, soit pour justifier des politiques. Pour éviter la dérive, je pense quil faille regarder cette question-là avec un axe extrêmement respectueux, cest-à-dire en respectant et en rendant la dignité aux gens qui viennent chez nous. Ça veut dire quil faut évidemment gérer les flux migratoires, mais il faut aussi le faire avec des pays dorigine doù partent les immigrés. Et puis surtout mener des politiques de développement solidaires pour permettre aux gens de rester chez eux. Moi je serais très heureuse daccueillir tout le monde avec un visa touristique et je serais heureuse de pouvoir aller dans des pays en sachant que la France a contribué à leur développement. Il ne faut pas oublier que les pays de lEurope ont besoin de main-doeuvre, car il y a un grand manque dans les métiers manuels. Le pacte proposé par le ministre de lImmigration me semble assez intéressant puisque le contrat de limmigration impose lapprentissage de la langue française que je considère comme un passeport qui facilite lintégration sociale et culturelle des familles.Dernière question: dans quelle langue rêvez-vous?Dans quelle langue? Eh bien en kabyle.
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Posté Le : 11/06/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Propos ercueillis par Nadia BENAKLI
Source : www.lexpressiondz.com