Facture d'importation de médicaments et produits pharmaceutiques Un recul et des questions

Si cette tendance à la baisse devenait durable et stable, cela signifierait notamment que les lourds investissements consentis par l'Etat dans la production locale portent enfin leurs fruits, après une longue période de tâtonnement.
Pour la première fois depuis plusieurs années, la facture des médicaments et produits pharmaceutiques a connu une baisse significative.
Selon des statistiques rendues publiques par le Centre national des informations et des statistiques douanières (Cnis), les importations du pays en produits pharmaceutiques ont atteint 126,7 millions de dollars (usd) en janvier 2013, contre 225,5 millions usd le même mois de l'année dernière. Soit une baisse de 43,8%.
En terme de quantité, les importations algériennes en produits pharmaceutiques ont marqué un recul de 36,12%, passant de 3,570 tonnes en janvier 2012 à 2,280 tonnes en janvier dernier, indique la même source. Dans le détail, on note que la facture des médicaments à usage humain a connu le décroissement le plus important de l'ordre de 45,31.
Elle a atteint 118,42 millions usd en janvier dernier, contre 216,54 millions usd en janvier 2012. De même, les quantités importés de ces médicaments ont aussi fléchi de 39,42%, pour atteindre 2,082 tonnes contre près de 3,443 tonnes durant la même date de référence.
Les produits parapharmaceutiques arrivent en seconde position avec une valeur de 5,75 millions usd, contre 7,08 millions usd, en baisse de 18,74%, malgré une hausse de 84,97% en volume, totalisant plus de 167 tonnes.
En revanche, les médicaments à usage vétérinaire ont connu une progression de 34,95% coûtant au pays près de 2,56 millions usd en janvier 2013 contre près de 1,9 millions le même mois de l'année. Et ce, en dépit de la baisse de 27,63% des quantités importées, passant de 41 tonnes
à 30 tonnes en début de cette année.
Pour l'instant, aucune source officielle n'a donné les raisons de cette réduction inattendue de la facture des médicaments et des produits pharmaceutiques. On ne connaît pas non plus ses conséquences sur les malades.
En effet, cette nouvelle coïncide avec l'aggravation des pénuries de médicaments et autres consommables dans les hôpitaux, pénalisant même les cancéreux et des patients nécessitant des interventions chirurgicales urgentes. Une situation qui a suscité de nombreuses manifestations de protestation des familles des malades et des médecins eux-même.
Si cette tendance à la baisse devenait durable et stable, cela signifierait notamment que les lourds investissements consentis par l'Etat dans la production locale portent enfin leurs fruits, après une longue période de tâtonnement. Cela veut dire également que l'entreprise publique, Saidal, a réussi son défi de marquer de son empreinte le marché du médicament, en multipliant les contrats d'association avec des firmes internationales pour développer le produit générique.
Cette thèse doit être prise, néanmoins, avec une extrême prudence. Car au moment ou un rapport du ministère de la Santé et de la Population annonçait en grande pompe qu'une importante dynamique a été opérée dans le marché national des médicaments ces dernières années, puisque la production, l'importation et le conditionnement de ces produits sont passés de 900 millions d'euros en 2004 à plus de 1,4 milliard d'euros en 2008 et à plus de 1,8 milliard d'euros en 2011. Au moment où l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie affirmait que la taille du marché national des médicaments a atteint 2,9 milliards de dollars en 2011, dont 1,85 milliard USD d'importation et 1,05 milliard USD de production locale, dont 84% reviennent au secteur privé et 16% au public, la facture de l'Algérie en produits pharmaceutiques importés a maintenu sa tendance haussière durant les sept premiers mois de 2012 pour atteindre 1,35 milliard de dollars (mds USD), contre 1,04 md USD à la même période 2011, en hausse de 29,41%. Quant aux quantités de médicaments importées, elles ont également connu cette tendance haussière avec une augmentation de près de 48%, passant de 13,347 tonnes les sept premiers mois 2011 à 19,753 tonnes à la même période de référence 2012. Il est à relever, en outre, que la facture d'importation des médicaments a connu depuis 2000, plusieurs baisses, dont celle de 2005 et celle de 2010, sans que cette tendance s'inscrive dans la régularité.
N H